L'histoire :
24 mars 1923, à Liège. Plusieurs calèches se rendent à l’église Sainte-Veronique. A l’intérieur de l’une d’elle, Georges Simenon discute avec sa mère. Cette dernière ne lui cache pas qu’elle est farouchement opposée à ce mariage. D’abord parce que Régine n’est pas belle, que ce soit aujourd’hui dans sa robe de mariée ou au quotidien. Elle est sceptique également sur le fait qu’elle puisse tenir son ménage. Sans compter qu’ils ont l’idée saugrenue de s’installer à Paris. Dans l’église, pendant la cérémonie, les gens discutent et jasent énormément. On dit que la mariée n’était même pas chrétienne et qu’elle est issue d’une famille de mécréants. Il aurait fallu « la mettre en règle avec Dieu ». Des semaines de formation accélérées avec cours de catéchisme, baptême et communion. Peut-on vraiment tolérer ce mariage ? Tout comme on peut critiquer la robe de Régine qui est toute en noir. Malgré tout, le prêtre annonce l’union entre Georges Simenon et Régine Renchon. À l’hôtel de ville, on officialise l’union et on fête ça à la maison. Les amis se pressent, mais ils sont toujours aussi critiques vis à vis de la mariée. L’arrivée de Silvie n’arrange rien. La blonde incendiaire proclame haut et fort que Régine ne pourra jamais être à la hauteur de Zibeline. Malgré tous ces événements négatifs, le couple est heureux de s’être marié. Ils vont enfin pouvoir vivre loin de chez eux et goûter à la liberté et à la vie parisienne.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dargaud propose un triptyque sur le célèbre écrivain Georges Simenon, le père du Commissaire Maigret. Une idée intéressante, d’autant que la vie de l’auteur est méconnue, comme s’il était éclipsé par le poids de son personnage. Et pourtant, on apprend beaucoup de choses sur lui dans ce premier tome : son activité débordante et sa capacité à écrire à une vitesse folle, son goût de l’aventure, sa difficulté à gagner de l’argent à ses débuts. On suit pas à pas son quotidien, qu’il partage avec la charismatique artiste Régine, dite Tigy. Ce qu’il y a de remarquable dans cette biographie, c’est l’art de transformer le réel et le banal en moments uniques et savoureux. Ainsi, on fait la rencontre de grands noms comme Colette ou Joséphine Baker, mais aussi on fait de croustillants voyages en mer à bord de l’ostrogoth. Ou encore on prend connaissance de l’anecdote folle de l’écrivain dans une cage de verre. Le clou du spectacle reste bien sûr la naissance de Maigret qui est développée à la fin du volume. Jean-Luc Fromental et Jean-Louis Bocquet racontent bon nombre d’anecdotes ou de détails intéressants sur la vie de Simenon, certainement bien aidés par le fils de l’écrivain, John Simenon. Mais on accède aussi à toute une tranche de la société dans ce monde si particulier de l’art. Que ce soit à travers l’écriture, la peinture, l’édition et le spectacle, l’album reconstitue bien cet aspect foisonnant et implacable de la vie d’artiste. On est d’ailleurs très heureux de retrouver Jacques de Loustal, le dessinateur idoine pour ce genre de récit. Ses personnages sont très humains et la chaleur de ses couleurs retranscrit bien le côté bouillonnant de la création de l’époque. Un début convaincant et juste sur la vie d’un grand auteur français.
