L'histoire :
Parce qu’on a tenté de lui faire caresser Les bois de justice, Fantômas s’est sérieusement mis en colère : responsables de son procès et participants en ont d’abord payé les frais. Mais ensuite, c’est l’Etat lui-même qui doit rendre des comptes. Et pour ce faire, ce suppôt de Satan s’est mis en tête de garnir ses fouilles de Tout l’or de Paris. En chasse, Juve et Fandor tentent de lui mettre des brindilles dans les roues, au risque d’y perdre des poils de moustache, une réputation, ou la confiance de la hiérarchie. La tâche est difficile : l’or en possession du méchant meurtrier, les indices maigres et grâce à sa capacité de « changer de visage », Fantômas a toujours une longueur d’avance. Une longueur qu’il pourrait bien perdre si la gouvernante de l’inspecteur Juve (une ancienne de Cayenne) parvenait à lui révéler ce qu’elle vient de découvrir par l’entremise d’un visiteur inattendu : le commissaire Havard ne serait pas le commissaire Havard ! En attendant, Juve doit profiter d’une autre surprise puisqu’il accueille en confession dans ses locaux, la complice et maîtresse de Fantômas, la vénéneuse Lady Beltham, qui ne tarde pas à lui indiquer où se cache son amant.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vouliez-vous qu’il zigouille ? Il zigouillera ! Vouliez-vous que ça explose, que ça éparpille façon puzzle, que ça tire dans tous les coins ou que ça s’amuse avec un char d’assaut ? Vous aurez les quatre pour le même prix. Et avec, en bonus, une guillotine gourmande de cols, des ultimes baisers, des fusils à lunettes qui tirent dans le dos, des trains bourrés de lingots, des masques effrayants plein les bocaux, Juve qui visite le Grévin et… une identité. Et vouliez-vous que Fantômas s’échappe encore… ? Pour clore (y’a pas intérêt les gars !) cette gigantissîme Colère, le tandem de malfrats Bocquet-Rocheleau nous épargne gentiment la dentelle une troisième fois. Imprégné de souffre, de poudre, d’adrénaline et de sang, le rythme frise la remontée du palpitant dans les gencives et s’interdit toute concession manichéenne ou accords de violons sucrés. D’un côté, on vous offrira deux coriaces (Juve et Fantômas) s’affrontant joue contre joug, dans un vrai duel de méchants. De l’autre, on poursuivra Fandor et Lady Beltham en train, direction Bordeaux, pour retrouver môman, avec en plat de résistance « La Toulouche », cette mémé à binocles rondes qui manie la canne-épée et le tromblon avec appétit. Aussi, si cette troisième partie livre une intrigue un peu moins aboutie que précédemment, elle gomme allègrement cette mini-carence par son tempo échevelé et la volonté farouche de mettre un terme définitif à la carrière du plus abominable des voyous. Violentes, judicieusement surréalistes, mises en dessin avec patte et génie, inventives ou titillant la peur comme pas deux, ces nouvelles aventures de Fantômas sont un bijou de réussite et de réappropriation. De quoi, en tous cas, se mettre à genoux pour proposer un nouvel exercice à ces deux auteurs indéniablement talentueux.