L'histoire :
Capturée par les soldats d’un puissant seigneur, la sorcière Mailis est attachée à un arbre, sous des fagots. Elle s’apprête à être brûlée vive, sous les yeux de sa fille Iliana. Mais le feu de prend pas. Pour éviter de perdre encore plus de temps, le vil chevalier Groz la tue d’un carreau d’arbalète dans la gorge et abandonne sa dépouille en l’état. De retour au château, Groz fait son rapport à son seigneur. Alité, ce dernier est satisfait : la sorcière morte, ses statuettes vaudou ne devraient plus avoir d’effet néfaste sur lui et il devrait recouvrer une santé de fer. Ne reste plus que la question de la fillette : qu’en fait-on ? Les avis sont partagés sur l’avenir de cette enfant, certainement fruit des amours de la sorcière et du diable : qui d’autre aurait pu s’aventurer dans ce bois maudit ? Le gros moine préconise de la brûler et de purifier ses cendres. Groz la met néanmoins au labeur, sous la responsabilité de Gaspard, le contremaître. Iliana est alors promise à une harassante vie d’esclave. Dans un coin de la pièce, Dominique, un jeune garçon innocent et avili par le bouffon, assiste à la scène. Dix ans plus tard…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La croix du sud est le nom donné au domaine seigneurial sur lequel se déroule ce conte fantastique moyenâgeux, orchestré par un duo d’espagnols. Au scénario, Luis Duràn est un auteur prolifique et très récompensé sur la péninsule ibérique, bien que méconnu en France (prix de la révélation en 2002 ; prix du meilleur scénario en 2003 ET 2004, au salon de Barcelone). Cependant, une formidable ambiance onirique émane avant tout de ce one-shot, en raison du graphisme surprenant de Raquel Alzate (prix Découverte à Barcelone en 2005). Cette jeune dessinatrice est surprenante à double titre. Tout d’abord parce qu’en dépit du degré de maturité graphique atteint sur cet album, la croix du sud est sa première réalisation ! Ensuite, parce que sa technique de dessin est inédite et éblouissante. L’austérité de la lumière et les effets de brumes sont habilement rendus à l’aide de tonalités ocres, sanguines ou glauques… La grande majorité des cases, tourmentées, léchées, baignées de mystères sont autant de tableaux de maître réalisés avec une grande maîtrise graphique. Dès les premières pages, l’ambiance onirique de cet univers de légendes nous transperce au tréfonds de notre chair. Superbe !