L'histoire :
En un mouvement, Évariste disparait. Il vend sa voiture, achète son billet et embarque sur le Marion Dufresne, direction les TAAF, les Terres Australes et Antarctiques Françaises, aux îles Kerguelen. Tout est allé vite. Il n’a rien dit à personne. Ni à ses parents, ni à ses amis, ni à Amandine, dont il est séparé depuis peu. Il va disparaître pendant un mois. Devant lui, l’océan sauvage, derrière lui, l’humanité sclérosée. Il sent déjà le souffle de l’aventure le traverser. Il rencontre alors Jonathan. Il échange avec ses compagnons de voyage. En fait, il s’appelle Jean-Louis Payet. Mais il préfère se faire appeler Évariste, car ce n’est pas courant. A bord, il discute avec des géologues, et d’autres personnes qualifiées de « touristes » par les scientifiques. Les uns ne voyagent que pour des destinations originales, les autres pour le tourisme extrême. Ils écrivent leur journal de voyage, trient leurs photos, se promènent sur le pont. Évariste, lui, ne part pas. Il fuit. Le climat a changé, la mer est houleuse, le navire franchit les 40ème rugissants et les premiers blocs de glace apparaissent au loin. Selon lui, l’aventure, c’est fumer une clope dans un salon cossu en regardant les icebergs à travers le hublot. Le Marion Dufresne avance sur une mer presque calme et la masse de Ker s’impose à l‘horizon. L’ombre de l’île de la Désolation apparait imposante, presque menaçante. Sur la terre ferme, le tour en hélicoptère est plein pour la visite de Port Jeanne d’Arc. Alors Jonathan et Évariste partiront à la découverte de l’île avec un biologiste. L’aventure de sa vie se poursuit. Il aura le privilège de voir la nature à l’état d’origine. Il est à la dernière frontière de la civilisation humaine. Il quitte Port-aux-français le lendemain pour une expédition, avec l’impression d’être seul au monde. Au milieu de nulle part, il aperçoit un homme sur les hauteurs. Quand, soudain, un éboulement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Loin du carnet de voyage tranquille et des aquarelles d’Emmanuel Lepage (Voyage aux îles de la désolation), Appollo et Christophe Gaultier nous livrent une histoire surréaliste sur une terre reculée, propice à une aventure extraordinaire. Évariste, quitte sa vie banale pour se changer les idées. Ce voyage de liberté et de remise en question se transformera en quête de la survie, bien malgré lui. Son séjour bascule d’un coup. Il ne maîtrise plus rien. En effet, arrivé sur l’île de la Désolation, il est capturé par une mystérieuse peuplade venue de la nuit des temps (en réalité, les descendants des derniers habitants norvégiens de l‘île). Cette peuplade vit sans évolution technologique, ni matérielle, une communauté en harmonie avec la nature, « à l’origine et l’avenir de l’humanité », veillant bien à ne jamais se faire repérer par quiconque. Le surréalisme de cette situation est bien amené, grâce au scénario fluide et cohérent d’Appollo. Le scénariste pose un regard sur le survivalisme, sur les questions existentielles que l’on se pose souvent, sur la prise de conscience, puis la place de l’Homme et de sa modernité envahissante. Dès lors, la préservation d’une espèce vaut-elle quelques sacrifices ? Une ambiance à la fois anxiogène et froide, sombre et angoissante s’en dégage, bien restituée par le graphisme de Gaultier. Une lecture qui démarre simplement pour basculer vers une totale surprise scénaristique, originale par son idée conductrice, mais classique dans son traitement.
