L'histoire :
Nous sommes en 1868 et l'Italie vit les premières années de son unification, avec un sentiment d'injustice dans toute la partie Sud du pays. Francesco Guerra, à la tête d'un groupe de quelques hommes et femmes, surveille un convoi de turinois qui traverse la campagne. Il veut attaquer ces représentants de la capitale et ces hommes en armes, pour libérer les prisonniers qu'ils convoient. Mais il va falloir ruser pour bénéficier d'un effet de surprise. Sa compagne Michelina tend un piège en s'allongeant sur le sol au pied de son âne. Avec le soleil couchant dans les yeux, les soldats se laissent prendre par surprise. Le premier d'entre eux est abattu d'une balle en plein visage par la jeune femme elle-même. L'embuscade est une réussite, les assaillants parviennent à libérer l'un des leurs, Giovanni, qui faisait partie du convoi. La prochaine mission que la rebelle, qui est la réelle meneuse du groupe, se fixe est beaucoup plus ambitieuse : elle veut la tête du général Pallavicini, un des artisans des victoires des troupes du Nord dans leur conquête des régions encore tenues par des rebelles. Elle n'est plus la jeune femme naïve qui avait épousé Rocco Tanga par résignation et subi la violence quotidienne de cet homme qui ne voyait en elle qu'une manière d'avoir un fils. Elle s'en est debarrassé sans scrupule, elle se sent la force d'aller beaucoup plus loin.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ni héroïne, ni brigande sans scrupules, ou bien les deux à la fois, c'est la lecture que nous propose Cédric Mayen de l'histoire de Michelina di Cesare, passionaria de l'époque d'unification de l'Italie. Il nous rappelle au passage que le pays n'est uni que depuis moins de deux siècles, sous l'impulsion du niçois Garibaldi. Michelina est dépeinte en femme forte qui a souffert de la domination des hommes, mais est devenue maîtresse de sa propre force de caractère. Elle est une incarnation de l'esprit de rébellion, mais aussi une femme en prise sur son temps, qui utilisera une image d'elle, un daguerréotype en tenue traditionnelle, pour incarner tout un peuple. Le dessin de Cristiano Cerscenzi est très direct et cru. Il utilise les gros plans, aussi bien pour les moments de conversation que pour montrer une balle qui traverse un crâne. Il contribue à donner l'énergie voulue au parcours de Michelina, un choix narratif qui ne s'encombre pas de suggérer mais décide de montrer les choses. L'album raconte une suite d'actions courageuses et de moments difficiles, sans détour et avec dureté lorsque c'est nécessaire. Une longue postface revient sur le personnage fascinant et donne le recul historique nécessaire, en revenant sur les moments clés de la vraie histoire, qui se termine avec une image dure et crue.
