L'histoire :
Le soir du 28 février 1953, Moscou, Maison de la Radio du Peuple. Le concerto pour piano n°23 de Wolfgang Amadeus Mozart est au programme. Au piano, la soliste Maria Ioudina tutoie la grâce sur le clavier noir et blanc. Le directeur Andreïev écoute solennellement la performance de la jeune femme quand le téléphone sonne. Au bout du fil, le secrétariat du camarade secrétaire général lui demande d'appeler dans 17 minutes... Staline en personne. Celui-ci souhaite un enregistrement du concert. Quelqu'un viendra le chercher le lendemain… Une sueur froide parcourt l’échine du directeur : le concert a été diffusé en direct, il n'a pas été enregistré. C'est la catastrophe : « On va tous mourir ! ». Il n'y a qu'une seule solution : garder les musiciens dans la salle et les obliger à recommencer à jouer... en enregistrant leur performance cette fois-ci. Mais le directeur doit faire face au refus de la pianiste. En effet, toute sa famille a été envoyée au goulag, plutôt crever que de jouer pour Staline. Moyennant 20 0000 roubles, le directeur parvient à la convaincre. Puis, au moment de se lancer, le chef d’orchestre fait une syncope… Un autre chef d'orchestre est appelé en catastrophe et amenée manu-militari au studio. Au terme de l’enregistrement, le résultat est acceptable… mais différent. C'est l'angoisse, surtout lorsque trois officiers du NKVD viennent récupérer le disque...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après la BD, le film ! En effet, La mort de Staline est à l'affiche depuis le 4 avril 2018, avec un casting 5 étoiles : Steve Buscemi (Reservoir Dogs, Fargo, The Big Lebowski...), Olga Kurylenko (Quantum of Solace, Oblivion...), Michael Palin (ex Monty Python !). Soulignons au passage que le film est une fidèle adaptation de la BD, jusque dans ses cadrages. Il est à ranger dans les excellentes adaptations sur grand écran (c'est assez rare pour etre souligné !). Mais revenons à nos BD. Cette intégrale montre tout le talent du duo Nury/Robin qui signe un double album fort, paru en 2010-2012. Les textes sont écrits avec une qualité à faire pâlir les scénaristes en herbe, tant Fabien Nury sait combiner les mots avec justesse, dans une dimension tragico-comique, entre Shakespeare et l'âge d'or du cinéma italien. La nature humaine dans toute sa décadence et son absurdité est ici parfaitement dépeinte. Il est bien aidé dans son entreprise par Thierry Robin qui excelle dans l'art du cadrage avec des plans audacieux. Son trait volontairement caricatural capture les expressions des visages des différents protagonistes. A lire impérativement sous peine d'aller faire un tour au goulag !