L'histoire :
Ça avait commencé par une splendide journée, propice à un pique-nique en famille, après une virée en voiture. Mais le pique-nique tourne au tragique. Deux types, sortis de nulle part, collent une balle dans le crâne du père d’Andrea. Ce dernier n’aurait jamais dû empiéter sur leurs plates-bandes. Puis ils violent sa mère, par derrière. Et ils forcent l’adolescent à regarder. Leur bestialité terminée, la mère se lève et va tranquillement se suicider en se jetant du haut de la falaise, située à quelques pas de là. Cela se déroule toujours sous les yeux horrifiés de son fils. Pour éviter qu’Andrea ne saute aussi dans le vide, les meurtriers enferment le gamin dans le coffre de la voiture et appellent Orso, leur patron. Quand Orso débarque, il n’est pas content de la tournure des évènements. Il prend le fusil d’un des gars et il les tue froidement tous les deux. Puis il délivre Andrea du coffre de la voiture. Andrea tient dès lors Orso comme son vengeur : il a tué les assassins de ses parents. Orso apprécie cela et décide de faire d’Orso son fils adoptif. Il l’amène chez lui et lui présente sa femme Damiani et ses deux enfants, de son âge, Aurelio et Natalia. Quand il aperçoit Aurelio, Andrea en tombe immédiatement amoureux. Son homosexualité s’impose immédiatement comme une évidence. Dans les jours, les semaines, les mois et les années qui s’ensuivent, les deux jeunes hommes partageront la même salle de bain… pour leur plus grand plaisir commun…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette seconde Peau de l’ours parait 8 ans après la première, sous les crayons et le talent des deux mêmes auteurs, Zidrou (au scénario) et Oriol (au dessin). Les personnages sont différents et l’histoire ici racontée est strictement indépendante de la première… Néanmoins, la couverture est claire : on retrouve le même type de propos terrifiant, le même contexte de l’Italie mafieuse des années 30, les mêmes paysages gorgés de soleil et de douceur méditerranéenne, qui tranchent radicalement avec la violence des destins. Et ça commence très fort, par une tragédie brusque et impitoyable, telle que relatée dans le résumé ci-dessus. Par la suite, on suit pareillement le destin d’un jeune homme qui grandit dans l’amour d’un père adoptif qui est le pire des criminels et qui se substitue néanmoins à ses propres parents, en éducateur affectueux. Il s’appelle Orso et sa forte corpulence le désigne bien comme l’ours dont il s’agira d’avoir la peau… On va éviter de trop en révéler. A la culture de la violence, qui est au cœur du récit, répond la découverte de l’amour pour Andrea. Un amour homosexuel doublement interdit, car en dehors des mœurs de l’époque ET au sein d’une même famille. Et une double interdiction qui sera le terreau d’un final en apothéose question violence. Bref, Zidrou fait encore une fois très fort avec un récit sans concession, asséné tel un virtuose du polar. De la matière de premier choix pour un Scorsese ! Le catalan Oriol met en scène cela à l’aide d’un trait encore plus rough et brut que le premier Peau de l’Ours. Ce dessin se complète d’une étonnante colorisation vive en aplats tranchés ou décalés, idéale pour mettre mal à l’aise ou souligner l’insanité des rapports entre les personnages – et ce qualificatif ne concerne pas l’homosexualité. Du grand Zidrou !