L'histoire :
Une voiture s’arrête sur le bas-côté d’une autoroute. Les passagers attachent leur chien à la rambarde et repartent. Fristouille vient d’être abandonnée. Elle n’y croit pas et pense que ses maîtres sont juste partis pour la journée à Center Parcs et qu’ils vont repasser la récupérer en revenant. Mais au bout de quelques heures, elle se rend à l’évidence, ils ne repasseront pas. Didier le raton laveur passe par là et la délivre de sa laisse. Il l’emmène voir des potes activistes animaux, qui luttent contre la bétonisation à outrance des humains. Ils ont créé « la meute », un comité d’action radicale pour la libération animale. Parmi eux, il y a Jean-Louis le renard, Michel le bonobo, Catherine la (fausse) licorne… Et depuis des mois, ils préparent une révolte sans précédent contre ces humains qui, chaque jour, les bouffent par milliards ou qui détruisent leurs forêts et leurs rivières. Leur action massive passe par différentes étapes. Première étape : être visible sur les réseaux. Catherine propose de poster une choré. Michel se sert d’un profil Tinder. Didier crée un tweet d’appel à la révolution. Jean-Louis se dit qu’un truc avec des chatons attirerait plein de monde…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Certes, ça part d’une bonne intention. Guillaume Meurice, qui a animé pendant 10 ans une émission quotidienne humoristique et militante de France Inter avec Charline Vanhoenacker, a toujours revendiqué – avec insistance – son véganisme et son activisme en faveur de la cause animale. Cette BD se situe dans la suite logique de cette cause. Elle met en scène un chien abandonné, qui rejoint un collectif d’animaux en route pour faire leur révolution contre les humains et leurs abus. Voilà voilà : c’est pas bien d’exploiter les animaux, de les mépriser, de les manger, même ! Sur ce pitch un tantinet simpliste, Meurice déroule sa verve légendaire, composée de vannes, de règlements de comptes politiques et militants, de délires en tout genre. Or ce registre humoristique et narquois, plutôt bien amené et tourné après montage audio de ses micro-trottoirs, passe beaucoup moins bien l’étape du rythme séquentiel pour la BD. Meurice est loin d’être un scénariste de BD et ça se ressent au travers d’une narration décousue, de résolutions rapides, de clichés prémâchées, de facilités de découpage et de dispersions superfétatoires à des fins de blagounettes-à-la-Meurice. Le dessin de Sandrine Deloffre, bien que sympathique, se montre lui aussi minimaliste et sans aptitude particulière pour la caricature. Pas certain que cette Révolte sans précédent soit un outil très pertinent en faveur de la cause animale.