L'histoire :
A l’automne 1887, le français Saint-Juste est au Dahomey (actuel Bénin), au lendemain de sa colonisation par la France, pour y faire du « recrutement » (l’esclavage étant aboli…). Avec l’aide d’un gamin autochtone qui lui sert d’interprète, il parvient notamment à entrer en confiance avec une amazone, c'est-à-dire une guerrière vierge, athlétique et farouche prénommé Diamanka. Contre sa promesse de se donner en spectacle en Europe, il la fait sortir de la geôle où elle croupissait. Plus tard, durant le voyage en bateau qui les amène en Europe, Saint-Juste fait l’erreur de croire l’amazone sa propriété : ses mains baladeuses tripotent la poitrine de Diamanka. Il a alors l’occasion de tester les formidables aptitudes au combat de la jeune femme… En France, Diamanka est enfermée avec d’autres noirs dans un enclos du jardin d’acclimatation. Elle s’y exhibe en train de faire des reconstitutions des combats qui menèrent à la capitulation de son peuple. Rien de bien glorieux, pour elle. Le bedonnant Fernand de la Fillière, médecin et érudit, tombe alors sous le charme de cette femme extraordinaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’histoire de la Vénus du Dahomey est imaginaire, mais bien ancrée dans la réalité honteuse de la fin XIXème. Il s’agit du destin tragique de l’une des dernières « amazones » du Dahomey, ces guerrières qui assuraient la protection de ce royaume africain, avant sa colonisation par la France. Déracinée et asservie sous la contrainte, cette héroïne est alors exhibée comme un animal de zoo chez « les blancs », une civilisation bien loin de la sienne. Ses origines sauvages, sa virginité légendaire, sa silhouette athlétique inspirent à la bourgeoisie parisienne un mélange paradoxal de mépris et de respect. Bien que muette (à une exception), cette personnalité est donc terriblement attachante, d’autant plus que ses aptitudes au combat réservent sans doute encore bien des surprises. Dans ce premier tome, son destin tragique et pathétique ressemble donc fortement à celui de Greystoke ou de la Vénus Hottentot. Le scénariste Laurent Galandon tient un discours quelque peu emprunté, voire manichéen, sur les comportements colonialistes européens à la fin du XIXème – quoique sans doute fidèle aux mentalités de l’époque. On a connu l’auteur plus subtil pour focaliser sur les laissés-pour-compte, néanmoins cette mise en bouche se laisse suivre très agréablement. Le récit est notamment d’une grande fluidité, car peu bavard, du moins sur le plan rédactionnel. Autant que faire se peut, Galandon laisse en effet s’exprimer le dessin maîtrisé et éloquent de Stefano Casini, impeccablement cadré et découpé. Ne manquez pas la seconde partie du diptyque…