L'histoire :
Gradlon a repris une sorte de vie normale au cœur de son village natal, même s'il passe le plus clair de son temps isolé des autres, perdu dans ses pensées. Celui qui fut roi de Bretagne et se trouva projeté plus de 30 ans dans le futur a confié sa fille à l'éducation des gens du village. La jeune Dahut, renommée Agnès par l'évêque Corentin, refuse malgré son très jeune âge d'intégrer les fondamentaux de la religion chrétienne. Sans autorité paternelle, les éducateurs sont impuissants. Mais un événement va redonner à Gradlon une énergie vitale. Alors qu'il est isolé en forêt en compagnie de son ancien ami Ron, il est agressé par Romy le Noir, accompagné d'hommes en armes. Le seigneur qu'il avait violemment repoussé quelques années plus tôt pour protéger l'évêque Corentin veut se venger et tue sans gloire Ron, dont l'âge ne lui permet plus de se défendre. Gradlon reprend alors conscience de la nécessité de se défendre et se lance dans un combat forcené contre ses agresseurs, qui marquera son grand retour. Guéri de ses blessures par l'apparition mystérieuse de Magdalene, la mère de Dahut, il reprend une ascension irrésistible vers le pouvoir. Dans les années qui suivent, Dahut devient une très belle jeune femme, dont l'aura va grandissante. Son influence sur le peuple s'affirme, tout comme son ambition personnelle. Elle propose alors au roi le projet fou de la construction de la plus belle forteresse du royaume, qui se nommera Ys...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le style très particulier de la dessinatrice espagnole Raquel Alzate continue de marquer le lecteur dans ce deuxième volume de La Ville d'Ys. Ses planches aux couleurs incroyables, lumineuses comme les vitraux d'une église, sont nimbées d'une ambiance magique qui colle parfaitement à la narration de Rodolphe et son sens unique du mystère. Le scénariste déroule sa vision de la légende bretonne de la ville d'Ys et de sa reine au comportement fantasmatique, avec son sens parfait de la narration. Les événements se succèdent sans artifice apparent, alors que ce sont des décennies qui s'écoulent sous nos yeux. Le dosage des étapes de la légende est remarquable, réservant lorsque c'est nécessaire des cases plus nombreuses à un événement marquant. L'auteur chevronné qu'il est doit apprécier la touche baroque très particulière apportée par cette dessinatrice dont c'est seulement le deuxième travail en BD, mais dont les atmosphères sont uniques et d'une incroyable densité. Elles mêlent le classicisme des tableaux anciens aux couleurs modernes des tableaux contemporains, tout en gardant une parfaite lisibilité. C'est donc un duo atypique et plutôt inattendu qui se trouve réuni ici. Il fait de cette série fantastico-celtique, qui aurait pu être convenue, une des plus surprenantes du moment. A découvrir.