L'histoire :
Octobre 1971. Auguste et Jeanne, éleveurs de brebis installés sur le plateau du Larzac, apprennent aux informations du soir que le camp militaire installé à côté de chez eux va s'agrandir. Ce camp construit à l'époque de leurs parents avait déjà exproprié une génération de paysans, le quintuplement de sa surface est une nouvelle catastrophique pour ceux qui ont tenté de poursuivre leur travail sur ces terres difficiles. Guy et Marizette Tarlier sont arrivés dans la région il y a quelques années seulement, redonnant vie à une ferme abandonnée. Dès l'annonce de la nouvelle, ils décident de s'opposer de toutes leurs forces au projet. Une association est créée, la riposte s'organise. Même les éleveurs qui participent au modèle plus industriel de fabrication du roquefort s'inquiètent, les curés des églises locales prennent fait et cause pour les paysans qui risquent de perdre leurs terres. La première manifestation à Millau, quelques semaines plus tard, sera le début d'une résistance qui va savoir faire parler d'elle avec des actions spectaculaires et surprenantes. De toute la France, des militants vont venir rejoindre le mouvement, qui va accueillir les mouvances maoïstes très actives et prêtes à se mobiliser. Des jeunes gens vont se diriger vers le Larzac, offrir leurs services aux paysans locaux, et petit à petit devenir partie prenante d'un mouvement qui prendra une dimension nationale.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le combat du plateau du Larzac, avec son fameux « Gardarem lo Larzac » et les premiers pas militants de José Bové, a marqué l'histoire des luttes militantes, et est devenu un symbole des causes qui mobilisent toutes sortes d'activistes. Ce sont des centaines de milliers de personnes qui se sont retrouvées dans la rue au plus fort des manifestations. Le livre décrit très bien la manière dont un mouvement initié par des paysans directement concernés par une nouvelle qui va impacter leur vie, devient une lutte contre un modèle, un symbole politique et sociétal. Il est également le terrain de jeu d'une mouvance révolutionnaire qui n'hésite pas à s'engager totalement dans une nouvelle vie pour prendre part à la résistance. La durée du combat, qui a finalement obtenu gain de cause au bout de dix ans, continue d'alimenter les mouvements activistes qui le prennent en exemple de la possibilité de vaincre un système, ici l'armée toute puissante. Le récit en lui-même est construit simplement. Il raconte une suite d'évènements comme le ferait un reportage avec des images d'époque. Le dessin en noir et blanc de Sébastien Verdier est classique, précis et réaliste. La terre aride et les maisons en pierre sont très bien rendus. L'agitation militante, les constructions de maisons en bois pour occuper le terrain offrent des moments de plongée dans l'ambiance du moment. Pour finir, une postface raconte le sens politique qu'aura pris le combat pour le Larzac et permet évidemment de mieux comprendre la forme des mobilisations actuelles autour de divers projets à travers la France.
