L'histoire :
Jean Bulle a 50 ans. Il est patron d'une agence de publicité. Tout lui réussit. Il est élégant, possède un bel appartement habillé par de beaux meubles. Il multiplie les conquêtes féminines. Sa compagne actuelle, Véra, est la dernière d’une longue lignée. Elle est gentille, lui fout la paix, n’est pas jalouse pour un sou et lui répète qu’elle ne veut pas se marier. Pratique, après 3 divorces qui lui ont coûté les yeux de la tête. D’ailleurs, il se rend avec elle à une soirée où il croise une vieille connaissance qui lui parle de Jackie Lombaire. Ah ! Jackie Lombaire et toute sa bande ! Ça ne rajeunit pas Michel, qui suivait le sillage de ces énergumènes. À l’époque, ils débarquaient dans les soirées comme des cosaques, insolents, agressifs et insupportables. Ils draguaient les femmes sous le nez de leurs maris. Ils étaient convaincus d’avoir une classe folle. Michel rôdait et fondait sur ses proies féminines… Aujourd’hui, c’est loin de Michel, cette époque. Quoique, il aperçoit au loin, une jeunette de 20 ans, tout au plus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
1980 est une année charnière dans la carrière de Gérard Lauzier. Il signe le scénario de l’adaptation cinématographique de La course du rat (sous le titre Je vais craquer, avec Christian Clavier à l’affiche). Il écrit la pièce de théâtre Le Garçon d’appartement avec Daniel Auteuil à la mise en scène. Pour le compte du 9ème art, il se lance dans la Tête dans le sac, où il se penche sur la situation d’un homme de 50 ans qui maîtrise sa vie sur le bout des doigts, jusqu’à sa rencontre avec une jeune fille de 20 ans. Cette dernière va lui tourner la tête (qu’elle finira par lui mettre dans le sac ?). Lauzier trouve ici un terrain de jeu idéal pour exprimer son verbe prolifique. Les dialogues sont directs et crus. Les situations légères glissent souvent vers le caricatural, mais c’est pour mieux dévoiler l’âme masculine dans toute sa splendeur. Le discours a un peu vieilli, avec un machisme que Lauzier s'amuse à dézinguer. Mais cela reste purement jouissif, comme si l’on regardait un film des années 80, ostentatoire par moment et dénué de tout filtre moral. Le dessin de Lauzier a gagné en souplesse graphique par rapport à son précédent album, La course du rat. En souplesse, mais il reste cantonné à la représentation des visages et des corps. A noter que La tête dans le sac a fait l’objet d’un film réalisé par Gérard Lauzier lui-même, avec Guy Marchand (dans le rôle de Jean Bulle), Marisa Berenson et… Patrick Bruel, qui commençait à se faire un nom et un prénom dans le 7ème art.