L'histoire :
Deux villageoises, Eiledon et Carlotta, se promènent gaiement sur un sentier campagnard du royaume d’Aghuylem. Soudain, la foudre frappe les deux amies, qui s’effondrent inanimées. Quelques heures plus tard, le comte de Bigaroque fait halte dans le village : il a une effroyable migraine et veut se rafraîchir. Etonné par l’ambiance désertique du village, il se dirige vers une grange où il trouve les habitants réunis autour d’Eiledon. Carlotta morte à ses pieds, Eiledon chante une note étrange… qui ressuscite son amie ! Le comte accuse aussitôt la jeune fille de sorcellerie, mais se calme lorsque la même note le délivre instantanément de ses maux de crâne. Dès lors la nouvelle fait le tour du royaume… jusqu’aux oreilles de l’immonde Cardinal Thélonious. Pour assoir son pouvoir, Thélonious a déjà fait assassiner le roi Dumas IV et l’a aussitôt remplacé dans le lit de la reine. Aujourd’hui, il s’est imposé comme le véritable régent du royaume car le jeune Damien, qui ne se remet pas de la mort de son père, est plongée dans une incurable mélancolie. La nouvelle du pouvoir d’Eiledon emplit donc de joie les partisans de Damien, qui voient là un moyen de guérir leur souverain ! Mais Théolonious a décelé avant tous, le défaut du « chant des Malpas »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le chant des Malpas se présente à la fois comme un conte fantastique et une aventure de cape et d’épée. Tout d’abord enchanté, on est ensuite passionné, puis bizarrement déçu par une conclusion un peu bâclée. En fait, on s’attendrait surtout à ce que ce one-shot serve d’introduction à une série plus étoffée. Car finalement, qu’est-ce donc que ce chant des Malpas ? Au scénario, Pierre Boisserie pose consciencieusement les bases d’un univers fantastique cohérent. Ce faisant, Boisserie prend le temps de développer la personnalité de nombreux protagonistes, qui se bornent tous finalement à des rôles de seconds couteaux. Une exception : le méchant Cardinal Thélonious, dont le caractère et le physique font penser à Iznogoud ou au capitaine Crochet (ou mieux encore, à Alan Rickman, shérif de Nottingham dans le Robin des bois de Kevin Reynolds). C’est un teigneux colérique qui porte son ambition sur le visage et qui est prêt aux pires bassesses pour parvenir à ses fins. On croise également une délicieuse et sulfureuse espionne, un habile et cynique homme de main, un capitaine autoritaire, un héros quinqua peu charismatique, un valet trop raisonnable, une famille royale transparente… Bref, la part belle est faite aux personnages, tous attachants. D’ailleurs le dessin de Bara cadre au maximum sur tout ce petit monde, en oubliant trop souvent de leur donner un décor à l’arrière plan (et pourtant, le dessinateur excelle (aussi) dans les décors). C’est bien le seul reproche que l’on peut faire à ce style de trait, époustouflant de maîtrise et de dynamisme, proche de celui de Loisel (qui n’est pas la moindre des références). Bara surprend par sa maturité, car il s’agit ici de sa première œuvre en bande dessinée ! Un p’tit nouveau à suivre de très près…