L'histoire :
Suite au suicide de son père, Marco est allé soutenir et aider sa mère, accompagné de sa moitié, Emilie. La météo, en total décalage avec ces évènements, est au soleil radieux. Déformation professionnelle oblige, avant de vider l’atelier de son père, Marco prend quelques clichés. Débarrasser ce continuum bourré de souvenirs a quelque chose de dérangeant. Dans le bordel paternel, il retrouve une pleine caisse de bouchons en liège récupérés, ainsi évidemment que de nombreuses photos et un mystérieux carnet que lui confie sa mère. Elle ne veut garder que les souvenirs qu’elle a en tête. A l’intérieur, une sorte de journal intime, mais qui ne parle que d’anecdotes naturelles sans grande importance, des hirondelles qui ont fait leur nid, de la forme des nuages et toutes ces sortes de choses. Marco est perplexe. Quel sens cela a-t-il ? Comment accepter en parallèle le chantage d’Emilie pour qu’il lui fasse un enfant ? Marco refuse en bloc et avec véhémence l’idée de paternité. En marge de toutes ces questions, une bonne nouvelle : un éditeur vraiment sympa lui propose d’éditer un beau livre sur les photos qu’il a faite d’un atelier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entre les albums de Manu Larcenet et nous autres lecteurs, il faut croire qu’il y a une sorte de contrat tacite qui veut que ces derniers nous bouleversent systématiquement. Alors forcément, avant d’entamer le précieux nouvel opus, on s’est préparé, psychologiquement. Ah ah, il m’aura pas ce coup-ci ! Et paf, une nouvelle fois on est scotché par autant de lucidité sur nos destinés et autant de talent pour nous livrer tout ça en bande dessinée. Le personnage doit faire face à moult remises questions de taille. Pourquoi mon père s’est-il suicidé ? Comment vouloir un enfant dans ces conditions ? Soit une habile introspection sur le mystère du début et de la fin de la vie, tout simplement… A travers l’édition de son livre, Marco se penche aussi sur le partage de sa vision du monde, de son art, par autrui. Quelle part autobiographique Manu Larcenet insuffle t-il au personnage de Marco ? Incursion dans l’intimité du père, souvenirs d’enfance, inquiétudes pour une mère digne mais inconsolable, brouille avec un frère… On comprend que Marco satisfasse son besoin de voir un psy, pour tenter de prendre le recul nécessaire. Bref, alors que nous apprenons que Le combat ordinaire comptera 4 tomes en tout, une fois de plus ce troisième épisode fait mouche et nous ébranle sur des sujets sensibles et universels, comme jamais une série ne l’avait fait auparavant. Un must !