L'histoire :
En mai 1291, les troupes mamelouks, qui faisaient le siège de la ville fortifiée de Saint-Jean d’Acre, passent à l’assaut. Devant la puissance de l’attaque, les chevaliers templiers sont obligés de se replier dans leur citadelle. Dans un dernier souffle, Guillaume de Beaujeu, le grand maître du temple mortellement blessé, ordonne la mise à l’abri d’un précieux coffret contenant « l’avenir de leur ordre ». Deux templier l’emportent et prennent aussitôt le large… De nos jours, le Metropolitan Museum of Art (appelé MET) de New-York inaugure une grande exposition consacrée aux trésors du Vatican. Le gratin des archéologues et des journalistes s’émerveille sur place des objets du culte et reliquaires exposés, et assiste à une reconstitution originale : 4 templiers en costumes, à cheval, dans les rues de Manhattan ! Les cavaliers vont même jusqu’à monter les marches du MET avec leurs montures et… d’un coup d’épée, l’un d’eux décapite un vigile devant les caméras ! C’est le signal de l’attaque : ils foncent à l’intérieur du musée, sortent des mitraillettes de leurs armures et arrosent le public, faisant un véritable carnage. L’un d’eux s’empare du précieux coffret, contenant un « encodeur à rotor », une curieuse machine affublée de boutons, d’engrenages et de manettes… Puis ils s’enfuient, prenant la femme du maire en otage et disparaissent dans Central Park. Dans la foule des rescapés, Tess Chaykin sympathise avec l’agent Reilly du FBI. Cette charmante archéologue était aux premières loges pour voir le « templier » s’emparer de l’encodeur et entendre ses paroles : « Veritas vos liberabit ». Dès lors, elle a une intuition sur le sens de cet horrible pillage. Le lendemain, à Rome, un cardinal aura des sueurs froides en apprenant la nouvelle : cet objet n’aurait jamais du quitter le Vatican !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
22, rev’là les templiers ! Evidemment, ils emportent dans leur besace un secret susceptible de remettre en question l’ordre chrétien… Ce bon vieux fantasme mystique n’en finit plus d’inspirer les romanciers (du Pendule de Foucault au Da Vinci Code), cinéastes (Indiana Jones) ou auteurs de BD (INRI, Le messager…). Cette fois, il n’est toutefois pas question de réveiller une puissance fantastique. Le roman original de Raymond Khoury, traduit en 38 langues et vendu à plus de 5 millions d’exemplaires, et dont est tirée cette série, demeure pour le moment tout à fait cartésien et bien plus « solide », historiquement parlant, que le Da Vinci Code. En choisissant de l’adapter très fidèlement en BD, Miguel Lalor, qui signait auparavant de son simple prénom (notamment pour Myrkos), bénéficie donc d’une partition narrative de premier choix. A la suite des deux séquences d’ouverture spectaculaires (à Saint-Jean d’Acre puis au MET), se met en place un thriller tout à fait palpitant, doublé d’une légère romance. L’archéologue et l’agent du FBI se lancent en effet sur la piste des templiers, tandis qu’un sulfureux cardinal fomente un plan machiavélique dans l’ombre. Bien qu’un brin convenu, ce scénario a fait ses preuves, en matière de suspens. Et Lalor met cette adaptation en images avec le rythme idoine, de manière très professionnelle et fort agréable. Son dessin se fait toutefois plus majestueux lors des séquences historiques que pour la période contemporaine. Hormis quelques séquences à haute tension (le carnage au musée, la course-poursuite dans Manhattan), le dessinateur a en effet tendance à laisser parfois les aplats de couleurs s’occuper des arrière-plans (par Thorn). Une mise en bouche néanmoins fort appétissante…