L'histoire :
Les brebis s’égayent… et courent dans la montagne. Il y a de quoi. Depuis un certain temps, elles ont pris le contrôle total de nos verdoyants pâturages. Il faut dire que cet intellectuel paresseux de chien de berger se la coule douce en lisant un livre sur la « Sociologie dans le beurre » et passe son ennui jouant l’oracle en interprétant le vol des oiseaux. Le pâtre Athanase dépassé a abandonné depuis longtemps. Il se contente de subir plus ou moins passivement l’imagination débordante de ses ouailles qui se sont octroyé le don de parole. Il y a alors une marge d’action sans limite apparente pour s’exprimer. Les variations sur le même thème vont bon train. Quand Ying et Yang (Tombedkamionne et Chicoungougnette) paissent, ce ne peut-être que sur fond mystique, linguistique et politique, en broutant synchroniquement l’herbe en damier géométriquement parfait. Rien ne les empêche pour autant de se lâcher et se bourrer la gueule en canotant sur l’herbe face à un océan en colère. Mais passons. L’heure est à la découverte : un étrange animal qui marche avec son nez vient de faire apparition dans les alpages…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ses brebis, F’murrr a l’art de dépasser les limites de l’imagination. Au point que l’on a parfois du mal à suivre. Entre jeux de mots étirés et graphismes subtils, ce « …courent dans la montagne » peut rapidement passer pour de l’humour âprement « intellectuel ». Pourtant, c’est loin d’être le qualificatif qui sied le mieux à l’œuvre. S’il en existe un, ce serait plus proche d’une désopilance raffinée, digne d’un Gotlib qui serait resté coincé dans le monde clos des alpages. De toute façon, peu importent les appellations, les planches de F’murrr étaient, sont et resteront sûrement hors normes. Quoi qu’il en soit, malgré un contexte jamais renouvelé, et tout en laissant la place à quelques repères éprouvés, les nouveautés pullulent et imposent leurs marques pour le futur. C’est le cycle de la vie des personnages de F’murrr. S’emportant parfois, l’auteur instille sa colère tranquille à ses protagonistes, allant jusqu’à coller à l’actualité ambiante. Lui aussi, comme nous tous, du fond de ses prairies, il endure la bêtise humaine…