L'histoire :
Vince est un drôle de séminariste ! Grand, costaud, réservé, visage rigide et impassible, il sert de garde du corps à certains ecclésiastiques missionnés par le Vatican pour des négociations délicates. Par exemple ce jour là, il se retrouve à Malte, en compagnie d’un de ses pairs, un expert plus âgé et tout aussi discret que lui. Il s’agit pour eux d’acheter à de mystérieux intermédiaires un parchemin découvert lors d’une récente fouille archéologique, et dont le contenu est inestimable… à en juger par l’impressionnante mallette de billets verts qui est alors échangée. Evidemment, ils ne sont pas les seuls sur le coup. La transaction conclut sans encombre, deux arabes menaçants les prennent en filature, en voiture. Une course poursuite nocturne s’engage alors, qui se termine dans les ruelles de la vieille ville. A bord d’un bus, Vince fait finalement un plongeon spectaculaire dans le vieux port, tuant du même coup ses poursuivants, sans trop de remord. Ce n’est pas son genre, à Vince. De retour à Rome après le succès de l’opération, il prend du galon : l’archevêque Blackrose lui propose de rejoindre l’ordre des « Janitores », cellule spéciale des services secrets du Vatican. Il devient dès lors l’un des douze gardiens de la chrétienté…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un Janitor se définie en quelques sorte par un « bodyguard du Vatican ». L’un de ces flingueurs habillés de noir, discrets et directs, en général seconds couteaux dans les productions du genre. Cet Ange de Malte se présente comme un épisode d’exposition, construit en deux temps. Dans une première moitié d’album, une voix off faisant habilement l’objet d’une confession, nous présente Vince s’affranchissant d’une mission périlleuse. Ce héros fait partie de la catégorie des hommes très discrets mais redoutablement compétent : des aptitudes physiques et un sang-froid exceptionnels, des réflexes de grand professionnel, un caractère réservé mais séducteur, chrétien mais sans scrupule. Vient ensuite pour lui la promotion et la mise en place du cœur de l’intrigue… qui fera l’objet du second tome, Week-end à Davos. Car ce thriller ésotérique, plus crédible que la plupart qui prolifère dans le genre, marchera a priori sous forme de diptyques. Enfin, un zest de fantastique (après tout, on est dans l’ésotérique !) semble s’immiscer par l’entremise d’une petite fille qui apparait pour orienter Vince dans les moments difficiles. Bref, les ingrédients d’une grande série sont ici réunis, mais c’est à peu près logique étant donné le savoir-faire des auteurs. Evitant habilement les clichés et les fantasmes, Yves Sente (scénariste de La vengeance du Comte Skarbeck ou des derniers Blake et Mortimer), également directeur éditoriale chez le Lombard, est ici associé à François Boucq, vétéran virtuose du 9e art. Si le dessinateur évolue parfois dans un répertoire burlesque (Rock Mastard, Jérôme Moucherot…), il fait ici appel à un trait réaliste irréprochable, soigné, lisible, documenté… la grande classe !