L'histoire :
Sur l'île de Cozumel, à quelques encablures des plages du nord du Mexique, le père Alonso réussit à prendre des photos du yacht d'Al Qarid qui débarque avec, à son bord, le docteur Hans Klüge. L'ancien médecin du camp de concentration d'Auschwitz est devenu un vieil homme, mais il a poursuivi en Amérique du Sud ses terrifiantes expériences sur des victimes humaines. Au milieu de la jungle de la petite île quasi déserte, ils pénètrent dans les murs d'un hôtel de luxe désaffecté, où ils viennent visiter d'incroyables installations. Vince s'envole alors pour Cancun et se lance sur les traces du petit groupe. Le vaste complot rassemble d'anciens criminels de guerre, des dignitaires du Vatican et de riches industriels tenants d'un ordre nouveau. Cette organisation est sur le point de réussir une gigantesque manipulation du vivant. Tandis qu'une mère tente de s'enfuir de la clinique sordide, avec dans les bras son nouveau né, Vince survole les océans. Son enfance à Harlem, le mystérieux jumeau qu'il a croisé par accident, et le fantôme de la sœur jumelle de sa tante Antonella qui apparaît dans son sommeil. Autant de pièces de son histoire qui l'accompagnent dans sa mission à hauts risques.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les quatre premiers tomes de la série installaient un univers passionnant centré sur cet agent secret du Vatican dénué de scrupules. Ce cinquième (et dernier ?) épisode tourne résolument le dos à l'originalité en nous proposant une conclusion totalement dénuée de second degré. Bien sûr, Yves Sente apporte une explication à cette conspiration qui traverse l'histoire et croise le destin des criminels de guerre nazis évoqués dans le triptyque. Mais le ton très appuyé et emphatique qu'il choisit rappelle les années 50, ou ressemble à une parodie de Blake et Mortimer, et contraste énormément avec le climat patiemment construit jusqu'ici, appuyé sur le personnage élégant et gentiment cynique de Vince. Evidemment, François Boucq est toujours brillamment à l'aise pour dépeindre des méchants aux gueules marquantes ou réaliser des scènes d'actions ultra dynamiques. Sa virtuosité graphique est à peine prise en défaut par quelques véhicules aux formes inégales, ou quelques cases qui s'appuient trop visiblement sur des photos, comme ces yachts aux contours marqués en page 8. Attendu depuis plus de six ans, ce dernier album devrait a priori terminer les aventures d'un personnage pourtant prometteur. La relecture de la saga complète reste un moment très agréable, le potentiel de ce personnage original de séducteur en tenue de séminariste était évident.