L'histoire :
Du haut du clocher de sa petite église en Sardaigne, un curé photographe amateur découvre dans son téléobjectif une scène étrange : sur le pont d'un yacht, deux hommes en tenues de croisé et de sarrasin, se livrent un combat à l'épée, l'un des deux étant un cardinal très connu. Etonné de voir sur la même embarcation un cardinal et des jeunes femmes dénudées, il fait parvenir ces clichés aux "généraux" du Vatican. Il s'avère alors que le second protagniste du combat n'est autre que l'organisateur du vaste détournement de fonds démantelé par le Janitor (voir les deux tomes précédents). Alors que la hiérarchie romaine sent la menace du "nouveau temple" se faire de plus en plus pressante, elle confie l'enquête à Vince, l'un des dix Janitors de l'église. Ce dernier est interrompu alors qu'il prend un café sur une place de Rome, en compagnie de la très séduisante journaliste Miss Pride...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Déjà prometteuse dans ses deux premiers volumes, la série décolle littéralement avec ce troisième tome. En combinant habilement le départ d'une nouvelle intrigue au cœur du Vatican avec les révélations sur l'enfance de Vince, Yves Sente lève le voile sur une dimension nouvelle très alléchante. De la même manière, les relations du Janitor avec les femmes (ici la séduisante journaliste Laura Pride) donnent lieu à des scènes et des dialogues remarquablement menés. A travers ces interludes apparemment légers, l'auteur donne une véritable profondeur à son personnage, et le rend aussi sympathique que secret. Le récit est ainsi parfaitement équilibré, confirmant la maîtrise d'un scénariste qui devient incontournable dans la BD franco-belge. Graphiquement, cet album est également le plus réussi des trois, grâce à une mise en page éblouissante et des couleurs impeccables (les places romaines ou les bords de mer en Sardaigne sont superbes). Le graphisme très charnel de François Boucq semble ici se faire plus fin qu'à l'habitude, et gagne en lisibilité tout en restant d'une précision extrême. Il est d'ailleurs l'un des très rares dessinateurs (aux cotés de Rosinski ou Hermann) à pouvoir donner de vraies "gueules" à ses personnages, loin des stéréotypes et des laborieuses copies de photos d'acteurs célèbres. Bref, une virtuosité qui se renouvelle à chaque album, et quand elle est au service d'un scénario grand public aussi efficace, cela donne tout simplement une excellente série.