L'histoire :
Après une succession de missions réussies, Vince, un prêtre garde du corps pour les pontes du Vatican, a pris du galon. Dans le plus grand secret, il est devenu un des 12 Janitors en fonction de par le monde, c'est-à-dire une sorte d’agent secret pour la Curie romaine. Sa hiérarchie l’envoie alors en Suisse à Davos, pour le forum économique, où il accompagne officiellement deux prélats en tant que garde du corps. Le redoublement du terrorisme international, notamment en Iran, effraie en effet quelque peu les autorités occidentales. Les premières heures, Vince prend du bon temps sur les pistes de ski. Débarrassé de son uniforme, son « charme naturel » lui vaut alors de sympathiser avec la patronne de la 3e plus grosse banque de la planète. Le soir venu, un sommet réunissant les principaux acteurs du marché boursier se tient à l’hôtel où les ecclésiastiques sont descendus. Le colloque bat son plein, entre paillettes et marketing direct, lorsque soudain un haut gradé militaire vient sur scène faire une annonce de la plus haute importance. En effet, pendant les débats financiers, le bombardement d’une usine nucléaire iranienne a déclenché des représailles en cascade, qui ressemblent fort au début d’une 3e guerre mondiale. Par mesure de sécurité, toute communication est coupée, les accès à l’hôtel sont renforcés et les images télévisées de CNN et de BBC confirment, avec force reportages saisissants, les prémices d’un conflit phénoménal. Ces messieurs spécialistes de la finance se hâtent alors de vendre leurs actions contre des valeurs refuges, via le tout nouveau système de télécommunication satellitaire qu’on leur a offert. Le Janitor, lui, flaire le coup fourré…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Certes, les arcanes secrets du Saint Siège ont été mis à la mode (et parfois bien maltraités) par les Da Vinci Code et autre collection Loge noire. Il n’est pourtant ici nullement question d’énièmes ressources ésotériques exhumés : le Janitor est ni plus ni moins qu’un agent secret performant, à la différence qu’il travaille pour un état un peu particulier, le Vatican. Or, notre héros n’a ni une foi inébranlable, ni un respect très aiguisé de son vœu de chasteté... Les évènements mondiaux auxquels est confronté ce James Bond curé collent à notre actualité de manière plutôt réaliste, à défaut d’être totalement crédible. En effet, le coup de la 3e fausse guerre mondiale est ici trop énorme pour que quiconque y croit une seconde… Notre Janitor est alors le seul protagoniste à ne pas mordre l’hameçon à pleines dents (trop fort). Surtout, il a le don de trouver sur son chemin les éléments idoines à l’éclaircissement de l’embrouille. Et quand cela lui est impossible, il y a une nouvelle fois le « fantôme » d’une fillette, dont nous apprendrons l’identité en fin d’album, qui lui file un coup de pouce. A noter que cette part de fantastique, la seule, semble être le fil rouge d’une série qui ne fait que commencer. Bref, les commodités scénaristiques ne manquent pas, même si le rythme emprunté insuffle une tension optimale. Et forcément, avoir un maître du 9e art tel que François Boucq pour s’occuper du dessin, ça aide quelque peu ! Son coup de crayon expert ne souffre d’aucune erreur : cadrages, mouvements, découpages sont impeccables et d’une adroite spontanéité. Alléluia.