L'histoire :
Lorsque le parrain Jean Augé se fait prendre en possession de drogue sur une croisière de luxe, c'est le début d'une terrible opération de nettoyage. Tous ceux qui auraient pu le dénoncer sont mystérieusement abattus, mais de manière très visible. Une sorte de message de la part de celui qui entend bien garder le contrôle des activités criminelles sur Lyon dans ce début des années 70. Il faut dire qu'Augé à été le commanditaire du braquage de l'hôtel des Postes de Strasbourg, le 30 juin 1971, considéré comme le casse du siècle. Mais malgré leurs soupçons, ni le juge Renaud, ni le tout nouveau commissaire Pellegrini ne parviennent à confirmer l'implication de ce membre présumé du Service d'Action Civique dans cette attaque à main armée. Ils rassemblent pourtant un faisceau de soupçons qui semblent confirmer le lien entre le gang des lyonnais et des hommes politiques locaux, voire nationaux. Alors, lorsqu'en 1973, c'est un grand magasin de Vénissieux qui fait l'objet d'un hold-up sanglant et spectaculaire, le juge Renaud se voit confier l'information judiciaire. Il va s'en servir pour creuser ses pistes. Vénissieux et Strasbourg pourraient être le fait d'un même groupe de criminels organisés qui, à chaque fois, ont bénéficié de renseignements précieux normalement réservés à des personnes très bien placées. C'est le début d'un enchaînement dramatique pour l'incorruptible juge surnommé « le shérif ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette suite de la biographie très légèrement romancée du juge Renaud, Olivier Berlion nous mène au cœur de l'enquête qui a suivi les braquages les plus retentissants des années noires du gang des lyonnais. Plus lisible que le premier volume, puisqu'on y retrouve les mêmes personnages, ce deuxième tome (sur trois) voit le juge progresser dans l'établissement de la vérité. Au milieu de règlements de compte sanglants, il semble pour l'heure épargné par le déchaînement de la violence, même si l'auteur prend soin de nous annoncer le drame à venir. Parallèlement à ses enquêtes, Renaud vit les difficultés d'élever seul ses trois jeunes garçons, alors que la majeure partie de son temps est consacrée à son travail. Berlion évoque également le séducteur que fut François Renaud, mais là aussi par petites touches, restant focalisé sur les détails du déroulement de l'enquête, et la mise en scène détaillée des protagonistes du gang de criminels. C'est cet aspect de son travail qui le différencie d'une BD grand public qui nous amènerait à plus d'empathie pour l'homme. Renaud a beau en être le personnage central, c'est bien le crime organisé et le recyclage des sommes volées qui constituent la colonne vertébrale du triptyque. Renaud est humain, mais garde une vraie part de mystère, tandis que l'auteur est très direct dans la révélation progressive du financement de carrières politiques. L'enquête policière est néanmoins menée avec brio et culot, et Berlion la met en scène avec efficacité... et la patte graphique réaliste qu'on lui connait.