L'histoire :
En Australie, Léna a refait sa vie auprès de Rob et de son fils Danny, mais elle est toujours hantée par les bonheurs perdus de sa vie passée. Depuis 3 jours, sous une chaleur accablante, à travers les paysages désertique du bush, elle suit une piste interminable qui la ramène chez elle. Soudain, un kangourou traverse la route juste devant son pare-choc. Elle fait une légère embardée et s’arrête plus loin sur une plaque de sel. Aussitôt, un agent secret, Paul-Marie de Calluire, sort du taillis pour s’assurer que tout va bien : le coup du kangourou, c’était une idée quelque peu fantasque pour intercepter Léna… Celle-ci ne décolère pas : elle lui certifie qu’elle ne retravaillera en aucun cas pour eux. Pourtant, après un long exposé de ce qu’on attend d’elle, elle finit par dire oui. Sa mission est pourtant des plus périlleuses : il s’agit d’infiltrer un groupe d’islamistes radicaux qui fomente un triple attentat kamikaze sous le métro aérien de Paris. Trois jeunes femmes, intellectuelles formatées par leur famille, seront ces martyres. Elle, Léna, devra être leur « préparatrice » au monde occidental. On l’amène à Sydney, où plusieurs jours durant, elle suit une formation accélérée et intense. On lui fabrique un passé de révolutionnaire, une notoriété fictive – et un tarif prohibitif ! – dans les milieux radicaux. On l’initie aux différents protagonistes qu’elle risque de croiser… et on l’envoie à Tbilissi, où elle sera assurément « recrutée »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Présenté comme un one-shot au sein de la collection Long Courrier, Le long voyage de Léna n’appelait pas nécessairement de suite. Ce premier tome avait néanmoins permis aux deux vétérans du 9e art que sont Pierre Christin et André Juillard, de mettre en place une héroïne dotée d’une personnalité forte et de la jeter au cœur d’une intrigue d’espionnage à la fois crédible et palpitante. Il aurait été dommage d’en rester là… Léna reprend donc du service, presque malgré elle, au cours d’une mission bien plus d’actualité que les précédents remugles de la guerre froide. La voilà en effet en première ligne dans la lutte contre l’islamisme radical, infiltrant un réseau kamikaze. Rares sont les scénaristes à pouvoir retranscrire ce genre d’entreprise, avec autant de vraisemblance. Scénariste, journaliste, romancier et bourlingueur, Christin est évidemment de ceux-là. Sa narration s’appuie sur une parfaite connaissance de la problématique islamique, de ses rouages intellectuels intrinsèques et immondes, jusqu’au parasitage discret de nos sociétés, en passant par l’intermédiaire et indispensable camp d’entrainement. Du bush australien à la Georgie, puis de l’entrainement au Sahel à la mission parisienne, Léna effectue pas moins un autre long voyage. Pour retranscrire chaque étape et chaque facette, la narration emprunte essentiellement la voix-off des pensées de Léna – une écriture quasi littéraire – qui commente tantôt les faits, tantôt leurs significations, ou la manière dont cette héroïne (dotée d’un tempérament décidément très riche) les appréhende. Bref, c’est costaud, exquis, fluide, crédible, pantelant… et mis en images par la ligne claire toujours aussi sublime et précise d’André Juillard, qu’on ne présente plus (Blake et Mortimer, les 7 vies de l’épervier, Masquerouge…). Vivement… un 3e tome ? Chiche ?