L'histoire :
Juillet 1912. C’est jour de fête dans la luxueuse demeure des Benson : Richard, le fils cadet, est de retour après s’être affranchi de ses études de droit à l’université de Yale. La réception est fastueuse, à la mesure de la puissance de la famille : le père Elmer est une des plus grosses fortunes de Boston, grâce à son empire pétrolier. Richard est accueilli par son frère Calder, véritable tête brûlée, joueur, bagarreur et prétentieux. Mais Richard n’est pas plus enthousiaste que ça. Droit au but, il annonce à son père qu’il ne souhaite pas travailler pour lui ou pour un sbire appartenant à l’empire Benson. Il compte se faire embaucher aux côtés du procureur – un affront, vu l’estime que la famille porte à l’attorney general. Cela n’empêche pas son frère Calder de l’inciter à fêter ces retrouvailles par une nuit de débauche. Au casino, puis dans un bordel, les frangins s’enivrent et s’endettent. A la fin de la nuit, une altercation avec le patron du casino tourne mal : une pute est flinguée et le créancier est roué de coups. Le lendemain, le père arrange l’affaire à l’aide d’une liasse de billets verts et passe un savon à ses fils. Mais l’orgueil de Calder ne peut en rester là…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En attendant la parution du thriller horrifique fantastique Necromancy (avec Jack Manini), Fabien Nury, déjà scénariste de W.E.S.T. et de Je suis légion, se lance ici dans un nouveau projet d’ampleur (et de qualité). Pour l’instant, cet épisode pilote nous présente les fortes personnalités de deux frères antagonistes : des caractères bien trempés, une puissante famille, une rivalité montante… C’est un peu Dallas à l’époque d’Il était une fois en Amérique, soit un potentiel narratif large et favorable au développement de nombreuses tensions et de moult aventures. Car au cours de 12 tomes attendus, constitués de diptyques indépendants les uns des autres, cette dangereuse rivalité fratricide devrait prendre de l’ampleur et traverser l’histoire des USA à l’époque de la prohibition, abordant tout à tour la mort du président Harding, la révolution mexicaine, la première guerre mondiale, les liens mafieux… Au terme de la série, un seul des deux frères finira maître de Benson Gate. Oui mais lequel ? On reconnait aisément la patte narrative de Nury, proche de celle de W.E.S.T., dans l’ambiance de La Branche Lincoln. On se captive d’autant plus aisément pour cette saga naissante que Nury est ici associé au dessinateur Renaud Garreta (Insiders), dont le style réaliste colle à la perfection à ce type de scénario. Ambiance léchée, décors soignés, personnages vivants, rythme exemplaire, colorisation experte (Jean-Jacques Chagnaud)… Et franchement, la couverture en impose, non ? Tout cela démarre fort bien !