L'histoire :
Dans le futur, « la ville » est divisée en deux. En haut, les riches vivent dans de somptueuses villas et s’entourent de technologie dernier cri : robots nurses, dreamweavers (appareil de rêves artificiels)… En bas, les pauvres habitent les uns sur les autres, dans un triste bidonville construit au creux d’une dépression géologique. Avec un papa ambassadeur, la famille de Kumiko, une gentille petite fille, est riche. Elle et ses 4 frères sont protégés et éduqués de manière exemplaire par Nan-1, un robot nurse hyper perfectionné… au grand dam de leur maman qui se sent dépossédée de ses instincts maternels. Pourtant Kumiko a tendance à vouloir transgresser ce monde peut-être un peu trop étouffant. Elle achète au black, à une de ses copines, un programme de dreamweaver qui lui permet de voyager dans le « petit monde », c'est-à-dire dans la ville des pauvres. Elle y retrouve Piedra, l’avatar d’un petit garçon qui lui sert de guide. Pendant ce temps, Piedra est effectivement un petit garçon pauvre, aux prises dans le petit monde avec des criminels de la pire espèce. Après avoir vu ses deux camarades exécutés sous ses yeux, il parvient à s’enfuir au beau milieu de l’autoroute qui sépare les zones, et atterrit dans le garage de la famille de Kumiko…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On l’attendait depuis quelques mois, voici enfin la dernière production « Morvanesque » dont le dessin est confié au mangaka (= faiseur de mangas) japonais Toru Terada. Après un vol plané ébouriffant en guise d’entrée en matière, notre patience est largement récompensée, puisque le format atypique de la collection Cosmo permet au duo de livrer au total 80 planches visuellement somptueuses ! Juste peut-être à force de mouvements, de perspectives affolantes et de technologies curieuses, tourne t-on un peu la BD d’un côté à l’autre pour comprendre le sens de la case… Mais cela est un détail comparé à la baffe visuelle que le dessin de Terada inflige au lecteur. Les allergiques aux mangas bouderont peut-être ce graphisme inhabituel, mais ils auront bien tord… Car le scénario de Jean-David Morvan est une nouvelle fois parfaitement équilibré. Une dose de trouvailles futuristes (les robots nurse, la dreamweaver…), un zeste de bons sentiments incorporés avec parcimonie (la maman triste ou les rapports naissants entre Kumiko et Piedra), des personnages attachants (Kumiko en tête), une grosse louche de critique sociale, le tout en un ensemble captivant. Sur ce dernier point, Morvan décrit toutefois une société qui existe déjà aujourd’hui dans de nombreuses villes (ex : Caracas, où bidonvilles et quartiers riches ne sont parfois séparés que par une route). Un début très enthousiasmant !