L'histoire :
Jay Corbin, trader sans morale et fils d'un agent secret de la CIA, est désormais prisonnier du Consortium, une organisation criminelle probablement à l'origine de l'épidémie de choléra qui vient d'éclater au Mexique. Ses deux protecteurs, Jacky et Eytan, n'ont pas réussi à le garder à l'abri de ses ennemis, qui pourchassent à travers lui le mystérieux héritage légué par son père. Ils sont désormais prisonniers au cœur d'une usine secrète, cachée sous un ancien hippodrome dans le sud de Bruxelles. Ils y découvrent que le projet Bleiberg, initié pendant la seconde guerre mondiale et utilisant des enfants cobayes dans les camps de concentration, est toujours actif. Ils rencontrent celui qui se cache derrière cette manipulation scientifique terrifiante, et qui leur explique avec tranquillité comment il compte réaliser le rêve de race supérieure des idéologues nazis. Quelques décennies plus tôt, les premières rafles de juifs dans les rues des villes et villages polonais avaient lieu. Dans les rues de Varsovie transformées en ghetto pour les porteurs de l'étoile jaune, la survie s'organise. De jeunes enfants réussissent à creuser un trou dans le mur d'enceinte qui les enferme, et à aller voler de la nourriture. Mais les soldat allemands veillent, et bientôt les interpellent...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Serge Le Tendre aura mené avec une belle efficacité cette adaptation d'un roman de David Khara, dont le scénario est parfaitement adapté au format de la bande dessinée. Ce dernier tome offre de nombreux retours sur le sort des enfants juifs polonais au tout début de la guerre, et donne une dimension supplémentaire très sensible à cette aventure d'espionnage grand-public. Pour le reste, le scénariste a fait le choix d'un ton relativement léger, à la manière du cinéma américain où les héros parviennent à vivre des scènes drôles alors que la fin du monde est proche. Un choix délibéré qui provoque parfois un peu de surprise, mais est rapidement emporté par une mécanique narrative sans défaut. Frédéric Peynet se livre totalement dans ce travail et réalise des planches impressionnantes aux couleurs remarquables. Les rues du ghetto de Varsovie et leurs réverbères orange créent sous sa patte une atmosphère à la fois triste et dynamique. Il gère avec brio la disparition des contours et les jeux d'ombre dans les lumières nocturnes, avec notamment cette très belle scène muette aux abords du champs de courses en page 23. En trois tomes très soignés, les deux compères nous auront efficacement tenus en haleine. Avec, en prime, comme dans les polars réussis, l'envie de se replonger dans l'une ou l'autre scène dont l'impact visuel nous aura marqué lors d'une première lecture. La fin boucle très proprement, et laisse, comme dans les romans de Khara, la place à une possible suite.