L'histoire :
Ils sont une douzaine, originaires des quatre coins du monde. De sexe, d’âge ou de catégories sociales différents, ils sont devenus des « unités ». Prisonniers sur une plateforme marine, ils ont été confiés à des « compagnons » qui ont la charge de les surveiller. Ils sont observés par des « confidents », tels des rats de laboratoires, qui utilisent scrupuleusement une batterie de tests psychologiques dans un but mystérieux… Six mois ont passé depuis qu’ils se sont retrouvés enfermés dans ces lieux inhospitaliers. A Barcelone, Londres, Paris Copenhague ou encore Buenos Aires, leurs proches se sont rendus à l’inexplicable évidence de leur disparition. Il y a peut-être David qui a encore du mal à accepter l’absence de sa sœur. Il a pourtant tellement besoin d’elle pour ne pas tutoyer son vieux démon : la drogue. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’Isabel, l’unité 4, a déjà tout essayé pour le rejoindre : refus de collaborer aux multiples tests, agressivité et même tentative d’évasion. Trois fois déjà qu’elle a tenté de se faire la belle. En récompense, elle a droit à 3 petites gélules avant d’aller se coucher. Et bien que les « confidents » prétendent entre eux qu’il s’agit d’un placebo pour une nouvelle occasion d’observer ses réactions… en s’endormant elle fait des rêves impressionnants.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Moins de six mois après avoir fait leur connaissance – c’est également le laps de temps qui s’est écoulé sur la plateforme – nous retrouvons nos dévoués « confidents » et leurs « unités » pour la suite du protocole d’expériences socio-psychologiques au but toujours aussi mystérieux. A nouveau parfaitement captivant, ce second volet poursuit ainsi sa plongée anxiogène au cœur d’un huis-clos on ne peut mieux verrouillé... Des variantes de l’expérience de Asch (mettant en relief le pouvoir du conformisme sur les décisions d’un individu) et de l’expérience de Festinger (sur la dissonance cognitive…) seront cette fois servies en amuse-gueules à nos prisonniers, avec en filigrane une intention à demi-dévoilée : isoler un archétype psychologique parmi les candidats. Aux manettes : plus encore que les « confidents » une entité informatique particulièrement pointue. Pourquoi ? Pour qui ? Les brumes de l’énigme ne cèdent malheureusement pas une once de leur opacité. On se satisfera alors de quelques nouvelles malicieuses « mises en réseau » ; du jeu des connivences entre « unités » et d’une jolie surprise finale ouvrant la réflexion en brouillant les cartes judicieusement. Bref, un véritable travail d’orfèvres, impeccablement étayé (théories psycho-scientifiques, attache aux protagonistes, rebondissements…) pour ce qui est de distiller l’atmosphère et nous donner très envie d’en connaître le fin mot. Le revers de médaille existe néanmoins à si bien nouer l’intrigue (on aurait en effet bien aimé que ce 2éme opus lâche un peu de mou) : la révélation finale devra être à la hauteur du mystère pour ne pas se limiter à un exposé scientifico-psychologique touffu à l’intérêt limité (2 albums restent à paraître). Il faut dire qu’ici, nos passionnants auteurs ont mis la barre assez haut. Un récit en tout cas une nouvelle fois intriguant. Et à la tension rendue palpable par le dessin photo-réaliste de Jean-Michel Ponzio : moins statique qu’à l’accoutumé et parfait pour exploiter la moindre parcelle d’émotion.