L'histoire :
Simon a pris le relais aux commandes de la librairie de son père, qui l'avait lui-même reçue en héritage. Il n'aurait pas imaginé, lorsqu'il était enfant, qu'il suivrait cette route toute tracée, mais l'idée s'était imposée à lui. L'arrivée du numérique a cependant rendu les affaires très difficiles, et Simon ne parvient plus à tenir le magasin à flots. Il refuse néanmoins, au grand désespoir de son épouse, de vendre à une grande chaîne qui lui propose pourtant une somme alléchante. Lorsqu'un soir, il fait le chemin de retour depuis la vieille maison dans la forêt où est encore entreposée une formidable collection de livres, il est témoin du suicide d'une femme qui se fait volontairement percuter par un train, alors qu'il l'observe, immobile, au passage à niveau. Il se sent coupable de n'être pas intervenu, figé devant la violence de son geste. Sa vie quotidienne lui devient dès lors difficilement supportable. Une jeune lycéenne qu'il croise par hasard va pourtant lui donner du courage en demandant son aide de libraire pour un devoir de français. Simon décide alors de l'emmener dans la maison où sont stockés tous les livres qu'il a lui-même adoré feuilleter et lire étant enfant, et ses souvenirs vont reprendre vie. L'amitié avec Raoul qui voulait devenir militaire et sa fin tragique ; les images du passé dans la maison familiale. Au point de voir le présent et l'enfance se mélanger dans des sentiments confus...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Initialement publié en janvier 2016, Le retour de la Bondrée est aujourd'hui rééditée au format poche (à moins cher), au sein d'une nouvelle collection de Dargaud réunissant des ouvrages très divers. Aimée de Jongh fait partie de ces jeunes auteurs dont le style graphique s'adapte en fonction du projet qui les anime. Capable d'évoluer de la peinture au style épuré des cartoons, la dessinatrice hollandaise choisit ici un noir et blanc expressif aux traits d'encre appuyés. Lorgnant parfois du côté du Chabouté des débuts, donnant aux visages de ses enfants les expressions nerveuses du manga, son graphisme fluctue gentiment au fil de l'album. Mais l'auteure contrôle très bien le rythme de son histoire, ralentissant lorsqu'il le faut, marquant des temps d'arrêt savamment positionnés. L'évolution du personnage de Simon reste imprévisible tout le long de ces quelques 160 pages, la scénariste n'ayant pas réellement su donner une colonne vertébrale solide à son intrigue. Les rêves de l'enfance se mêlent à la dure réalité du suicide, ou de la libraire qui risque de fermer. Les flashbacks souvent très dramatisés appuient quelque peu la lourdeur du vécu de son personnage. Il reste le parcours d'un homme bousculé dans ses repères, mélangeant ses souvenirs et sa vie actuelle, perturbé par la rencontre d'une adolescente gentille et sensible. Un album personnel intéressant, ouvrant néanmoins trop de pistes différentes pour laisser au lecteur une impression marquée.