L'histoire :
En Bretagne au XVIIIe siècle, Gwémon et Konan tentent, en compagnie de la belle intrépide Soizik, de mettre la main sur un trésor. Le butin aurait été accumulé par leur père Hyacinthe Porphyre avant que ses activités illégales ne lui mettent la corde au cou. Ayant résolu l’énigme de l’emplacement du supposé magot, ils parviennent au fond d’une grotte ornée de statues, comme s’il s’agissait d’un antique temple. Alors qu’ils avancent, ils tombent nez à nez avec l’abbé Lacallonge, un ancien compagnon de bagne de Konan cherchant, lui aussi, à mettre la main sur l’or du vieux Hyacinthe. L’homme s’enfonce lentement dans la vase et demande de l’aide pour ne pas y laisser la vie. Seuls Gwémon et Soizik lui portent assistance, car Konan s’empresse d’aller contempler le trésor tant convoité. En fait de trésor, il ne trouve cependant que coffrets vides et rouillés, vins avariés et étoffes précieuses moisies : un piètre butin. De leur coté, Soizik et Gwémon ne sont pas plus heureux, car ils n’ont pas réussi à sortir le bien trop lourd ancien forçat. Comble de déveine, ou drouk aviz (mauvais œil) : une pieuvre géante les empêche de quitter l’endroit par où ils y étaient entrés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Très gentiment, pour éviter de nous faire languir, les auteurs ne s’étaient pas privés de faire don d’abondantes révélations dés l’opus précédent : assassin, filiations surprises, motif de vengeance et emplacement du supposé trésor rassasiaient copieusement notre appétit. Concluant un premier cycle, Balac et Joël Parnotte mettent ici un terme à la quête du trésor de Hyacinthe Porphyre, en prenant soin de préparer le terrain pour de prochains développements : ça meurt juste ce qu’il faut pour endiguer le flot de protagonistes ; ça reste en vie comme on voulait et ça n’est pas loin de garder sauve la bonne morale. Toujours servi par un découpage haletant et des dialogues savoureux (tantôt bretonnisant, tantôt bagnardisant) qui donnent beaucoup de rythme à l’intrigue, le récit entrelace avec efficacité Histoire bretonne, saga familiale et histoire d’amour. Le tout enveloppé par un ton dramatique volontairement marqué, pour lequel l’aspect sorcello-légendaire breton est un imparable métronome. Une fin de cycle qui laisse tout de même encore planer quelques mystères (que représente le médaillon ? qui est réellement Konan ? amours ? et certainement d’autres éléments du passé encore non dévoilés) et dont le cliffhanger final est une heureuse invite à palpitantes prochaines aventures. Pour donner vie à cette saga, Joël Parnotte s’y prend de la meilleure des manières en donnant, grâce à son dessin, beaucoup de caractère (et son petit plus) à la série. La colorisation singulière impeccablement contrastée ou le subtil mélange d’encrage et crayonné, participent amplement aux velléités dramatiques recherchées. Un travail de qualité sculptant aussi bien les contours d’une Bretagne envoûtante que les psychologies trempées des héros. Excellent !