L'histoire :
Une cavalière riche et déterminée, Hermine de Rotheneuf, est arrivée dans ce village de la côte bretonne sauvage. Elle recherche un pendentif ayant appartenu à une noyée, que quelqu’un a forcément dérobé. Les villageois ignorent que la jeune Soizic s’est approprié le bijou. Ce faisant, Soizic a fortuitement fait connaissance avec Gwénon Porphyre, un adolescent de son âge, dont la famille a autrefois été éradiquée et maudite à tout jamais. En effet jadis, Hyacinthe Porphyre fut sauvagement exécuté avec deux de ses fils, pour ses activités de naufrageur. Il aurait toutefois, semble-t-il, pris soin de cacher auparavant un fabuleux trésor, résultat d‘années de pillage sur les débris des bateaux échoués. En récupérant l’œil de verre de Hyacinthe sur sa dépouille, ses deux fils rescapés, Konan et Gwémon, découvrent une inscription en latin : « Place l’œil dans mon orbite sans larme. Ta main sera avalée par le démon ». Ils interprètent tous deux la même indication pour la cache au trésor. Leurs recherches se déroulent alors sur fond de rivalité amoureuse, autour de la personne de Soizic…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour construire cette appétissante aventure romanesque, le scénariste Balac s’est appuyé sur le désuet « droit seigneurial du bris », qui voulait que tout objet rejeté par la mer appartienne à celui qui l’eut trouvé. Le cadre, celui de la Bretagne rurale et côtière, au XVIIIe siècle, est alors un support idoine pour jouer sur les ambiances, empruntes de mystère et de romance. Cette série est inspirée de l’histoire vraie de la famille des Rotheneuf, de sanguinaires naufrageurs qui sévirent à l’époque aux abords de Saint-Malo. Elle signe également le retour au scénario d’un nom qu’on n’avait plus vu depuis le premier Sambre (1986) : Balac… alias Yann Lepennetier (soudain beaucoup moins inconnu : Les innommables, Pin-Up…). Par le biais de cette série, le prolifique scénariste semble revendiquer une « bretonnitude » qui lui avait été refusée à l’époque de Sambre. Après les résurgences du passé, la présentation d’une famille maudite, l’engagement d’une chasse au trésor, un meurtre encore inexpliqué, ce second volet s’achève sur une séquence spéléologique à haute tension. Joël Parnotte livre quant à lui une partition graphique (toujours) impeccable. Son seul tic consiste, à l’instar d’Hugues Labiano, à surligner les cils de ses personnages au trait noir. Pour le reste, personnages, mouvements, décors, cadrages, couleurs, ambiances… ses planches sont superbes et ne manqueront pas d’emporter l’adhésion d’un large public. Fi dam doué !