L'histoire :
Alors qu’il allait partir pour le lycée, Ludo est stoppé dans son élan par son père, qui lui fait remarquer sa tenue vestimentaire affligeante : le jeans est porté si bas que le caleçon dépasse largement au-dessus et la raie des fesses aussi. Côté Laura, sa sœur, ça n’est pas mieux, avec son T-shirt trop court qui exhibe son nombril… Les deux ados ne se laissent pas enguirlander sans répliquer. Ils retrouvent une photo de leur père en baba-cool dans les années 60, avec pantalon patte d’eph’ et gilet en laine de mouton…
Le père de Ludo l’appelle, en rogne. Il vient de retrouver du papier à rouler dans la poche de son blouson, qui sent le shit. Il exige des explications. Ludo ne se démonte pas et affirme avec un sourire narquois que c’est le blouson d’un copain. Le père ne croit pas à ses bobards et s’énerve encore plus. Ludo lui conseille alors de se calmer en fumant un petit pétard…
Laura bavarde avec sa copine par portable interposé, dans le bus. Des histoires de filles, de fête, de mecs, de sortir avec… qui agacent tous les passagers. Leur voisin pète une durite et arrache le portable des mains de Laura, pour hurler dedans « Tu vas te grouiller d’aller à la teuf de Jipé parce qu’ici, on n’en peut plus, ok ?!!! »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet opuscule souple et petit format est la compile intégrale d’une série de quatre recueils de gags parus entre 2006 et 2010. A chaque fois, Florence Cestac décryptait avec tendresse, lucidité et un rien d‘humour consensuel, les comportements agaçants et récurrents d’un individu type qu’on identifie facilement au sein de la population : les adolescents. Dans cette fiction sans doute partiellement autobiographique, Laura et Ludo – frère et sœur – enfoncent tous les clichés de leur âge ingrat. Fainéants, décalés, difficiles, irresponsables, bordéliques, méprisants à l’endroit de leurs aînés, accros aux nouvelles technologies, blasés, crados, égocentrés, toujours affamés, nuls en classe, ultra-susceptibles, incapable d’écouter de la musique à puissance raisonnable… Mais on les aime bien quand même, parce qu’après tout, ils sont notre avenir. Quelques fulgurances peuvent également permettre au lecteur adulte – à qui s’adresse cette série – de se souvenir (un tout petit peu) qu’il est passé par là. Les axes de raillerie ne manquent donc pas et Cestac ne s’est pas empêchée d’en faire un tour relativement exhaustif. Elle l’a fait avec ce trait un peu épais et néanmoins dynamique qui la caractérise tant : des pifs limites porcins, des expressions ultra-caricaturales et tous les persos se ressemblent un peu…