L'histoire :
Sur des chemins de campagnes, à une époque moyenâgeuse approximative, s’en vont à la queue leu leu 4 aveugles qui, autrefois, furent 6,. L’un d’entre eux feint sa cécité pour mieux piloter son cortège. Un autre paraît également sourd, mais dissimule, sous son chapeau, un walkman. Ils sont moqués par les villageois et vadrouillent sans cesser de se chamailler. Ils arrivent alors aux abords d’un ermitage, habité par « la nonne anonyme », également appelée « la damoiselle trop belle ». Cette nonne, voilée et fort bavarde, les invite à boire un bouillon et en profite pour leur narrer ce qui l’a poussée à se retirer du monde. Jadis, sa grande beauté avait fait tourner tellement de cœurs… Débarque alors dans la petite troupe « le baron nul », une pointe de flèche dépassant du front, en pleine quête pour son roi Artus (en faillite). Il doit délier le célèbre Merlin de l’enchantement qui le tient emprisonné d’une dalle. L’un des aveugles se lance alors dans le récit des aventures de l’enchanteur. Amoureux de la princesse Nevienne, Merlin n’avait de cesse que de séduire cette dernière. Réticente, elle n’avait accepté pourtant de devenir son élève que pour mieux retourner sa magie contre lui-même et l’enterrer à jamais sous une pierre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce nouvel ersatz humoristico médiéval, F’murrrrr (après vérification, il y a bien 5 R) passe à la moulinette tout ce qu’il lui vient à l’esprit. Son histoire commence par la déambulation de 4 aveugles, compères par leur handicap plus ou moins simulé. Ajoutez à cela une cuillerée de Merlin, une pincée de Table ronde, faites revenir le tout avec un autre héros de F’murrrrr, Le pauvre chevalier, ressuscité d’une aventure antérieure tout aussi délicieusement absurde… Passons encore par une allusion à Van Gogh, via le pauvre chevalier ayant perdu une oreille au combat, et tombé amoureux des tournesols… Tout ce petit monde finira, convié par Renart le goupil (du roman du même nom), à assister à une représentation théâtrale en pleine forêt. Bref, c’est un sacré bordel organisé, autour d’une certaine notion philosophique de l’humour, propre à F’murrrrr. Dans son style graphique, élémentaire et efficace, l’auteur orchestre le tout avec savoir-faire dans une jovialité qui fleure le délire narcotique. Ce petit bijou loufoque est la réédition de l’album du même nom initialement paru en 1992 chez Casterman.