L'histoire :
Raymonde et Robert Bidochon se paient une promenade à cheval au centre El Ranchero. Robert en profite pour frimer, car il est déjà monté, lui. C’était un poney, quand il était petit. Ça ne l’empêche pas de grimper à l’envers sur sa monture… Puis les voilà partis pour un circuit sans intérêt, car appris par cœur depuis des décennies par les vieilles carnes apathiques du centre équestre. Plus tard, de retour dans le lit conjugal, Robert sent bien dans son dos que son âge ne lui permet plus ce genre de connerie. Raymonde s’insurge : « C’est pas la peine de vieillir si c’est pour devenir vieux ! » Elle propose donc à son mari de se donner les moyens d’entretenir leur physique et leur couple. Plus tard, à l’anniversaire de Robert, leurs amis lui offrent ainsi un « forfait bien-être », avec soin du visage et épilation dans un centre esthétique. Robert est décontenancé et légèrement agacé : c’est un truc de gonzesses. Raymonde est désespérée. Pour une fois qu’elle avait l’idée de le sortir de sa routine… Lors d’une après-midi shopping durant les soldes, son amie l’invite à une réunion lingerie et sextoys, entre filles. Raymonde choisit une soirée foot pour faire accepter cette participation à Robert, afin qu’il ne soit aucunement concentré sur le fond du sujet…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est un petit évènement dans le monde de l’édition BD : Christian Binet divorce d’avec son éditeur historique, Fluide Glacial. En effet, son nouveau Bidochon est aujourd’hui publié par… Dargaud. Faut-il y voir une forme de désapprobation quant au rachat de Fluide par le spécialiste du gag consensuel mou, Bamboo ? Ce recyclage ne fait cependant pas injure à la série, car le mainstream Dargaud a su se diversifier depuis des années dans des registres plus adultes/matures. Et Christian Binet ne perd rien de sa capacité évocatrice et de son ironie pour mettre le doigt sur des sujets de société sensés et actuels. Dans ce 22ème opus, voilà donc Raymonde Bidochon qui tente, sans grande conviction, de relancer son couple à partir d’ustensiles sexuels artificiels, fort peu congrus étant donné son âge (certain) et son horizon populaire (restreint). Si on devait filer la métaphore mécanique, cela reviendrait à mettre du kérosène dans une deudeuche. Tenues provoc, sextoys aux noms improbables et réunions coquines sont donc au menu – mais ceux qui connaissent la psychologie intime de ce vieux couple routinier et inséparable se doutent déjà de la platitude produite sur leur électroencéphalogramme sexuel. La couverture dit à peu près tout des 40 planches qu’elle introduit. 40 planches dessinées à l’aide de cette griffe rapide et rough typique de Binet, en noir et blanc, et qui se lisent un peu vite… Telle est la Bidochon’s touch.