L'histoire :
Après quarante ans de règne au sein d’un royaume prospère, le Roi se dirige doucement vers la fin de sa vie. A l’heure du bilan, il a de quoi être fier de sa vie. En effet, en plus d’être un souverain aimé de son peuple, il a épousé la femme qu’il aimait ; ensemble ils ont eu quatre beaux enfants en très bonne santé, une fille et trois garçons. Cependant, le Roi est horrifié à l’idée de mourir. A tel point, qu’il n’arrive plus à dormir ni à penser à quoi que ce soit d'autre. Il fait alors appel à son fou, qui a toujours été de bons conseils. Le confident lui explique que l’Homme a toujours peur de ce qu’il ne connait pas, il lui faut donc apprendre tout de la mort afin de ne plus en avoir peur. Convaincu par l’idée, le Roi convoque le soir même les trois plus grands savants du Royaume afin qu’ils lui disent tout ce qu’ils savent sur le grand sommeil. Hélas, les trois hommes lui révèlent quelques évidences. Aucun d’eux ne sait répondre à la question qui intéresse le plus le souverain, à savoir comment échapper à la mort. En colère, le Roi les décapite un à un, puis il tue également son fou ! Plus tard, le même soir, un mage à la chevelure rouge et au regard perçant se présente de lui-même au palais et prétend connaître le moyen de devenir immortel. Mais il y a une contrepartie ! Un odieux marché est alors conclu entre le Roi et ce mystérieux et terrifiant personnage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo Zidrou-Oriol avait déjà fait fort chez Dargaud avec La peau de l’ours. Les voilà de retour dans un registre très différent mais tout aussi puissant. Au scénario, Zidrou propose un conte touchant et cruel, à la fois classique et on ne peut plus moderne. Comme dans tout conte qui se respecte, un élément déclencheur va troubler la quiétude d’un royaume et amène les trois princes à se lancer dans une quête, au terme d'un pacte faustien. Si l’auteur respecte à la lettre la construction et les ingrédients de la fable, il s’en écarte dans la narration et nous livre une histoire qui nous surprend à chaque instant. Rapidement, on se rend compte que quoi qu’il se passe du côté des princes ou du royaume, les chances d’une conclusion positive sont extrêmement minimes. Prenant tout au long de ses 80 pages, ce one-shot doit également beaucoup à la talentueuse mise en images d’Oriol. Tout comme le scénariste, le dessinateur change véritablement de registre, mais il n’en perd pas pour autant sa force. Ses dessins sombres, tourmentés aux formes allongés et fantomatiques, jouent beaucoup sur les ombres. Ces dernières sont accentuées lors des événements graves et se montrent plus discrètes lorsque l’espoir reprend le dessus. Une lutte permanente entre le noir et la lumière. Évitons d'en dire de trop pour conserver intact le plaisir de la lecture et de la découverte. Le duo offre une nouvelle fois un exceptionnel album, beau et puissant, revisitant les contes et nous offrant ce qui se fait de mieux en bande dessinée. Indispensable en ce début d’année.