L'histoire :
Dans un appartement de Manhattan, un homme est agenouillé devant son lit, les mains attachées derrière le dos. Menacé par un homme en armes qu'il ne connait pas, il lui propose de l'argent contre la vie sauve. Beaucoup d'argent, car il travaille dans la haute finance et peut aisément débloquer une petite fortune, si c'est ce que cherche son agresseur. Mais ce dernier ne montre que du mépris face à cette proposition pécuniaire. Il pointe un revolver sur le crâne de Vincent Hensborn. Lorsque la police arrive sur les lieux, un peu plus tard dans la journée, elle découvre un crâne mutilé et des indices tout à fait atypiques dans la plaie de la victime. L'homme est gestionnaire de portefeuille chez Meryl Lynch. Rien dans sa vie ne semble expliquer un meurtre. Lorsque Barry Donovan, le lieutenant en charge de l'enquête, rentre chez lui le soir, il termine un échange de messages sur le net avec un certain Werner von Lowinsky, fan de cinéma comme lui. Werner semble deviner le besoin de parler de Barry. Il lui propose un rendez-vous le lendemain, pour prolonger leurs discussions de passionnés autour d'un verre. Le policier accepte, sans savoir que celui qu'il va rencontrer n'est pas un homme comme les autres. Né en 1812, Werner a traversé la guerre de sécession en évitant les combats, ne pouvant se résoudre à tuer des hommes comme lui. S'il est encore vivant aujourd'hui, c'est parce qu'il est devenu un vampire, condamné à tuer pour continuer à vivre. Et ressentant le besoin irrépressible de faire partie du monde des vivants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est un travail parfaitement équilibré et mis en scène que proposent Serge Le Tendre et Frédéric Peynet, sur la base du roman de David Khara. Le premier tome du diptyque annoncé nous présente en effet un ensemble d'éléments tous aussi importants et denses, qui vont rythmer la résolution probable de l'énigme autour de meurtres en série et des relations entre Werner von Lowinsky et le lieutenant de police. Classiquement, Barry Donovan est traumatisé par une expérience dramatique vécue quelques années plus tôt, tandis que le vampire cherche à vivre au cœur de son époque, tiraillé entre son besoin de prendre des vies pour survivre et sa soif fondamentale de justice. Le rythme des révélations est maîtrisé, chaque élément de la vie de Donovan est crédible. Tandis que le rôle probable de Werner crée un véritable suspense et une attente forte pour la suite. Peynet livre une partition graphique extrêmement professionnelle, dans un style réaliste dynamique et fouillé, avec quelques vues superbes de la ville de New York. Ses cases sont riches lorsque le récit le demande, ou efficacement centrées sur les visages en gros plan de ses personnages. Les souvenirs du 11 septembre dans la mémoire de Donovan donnent lieu à de belles et dramatiques planches, dont les cases imbriquées soulignent la violence chaotique. Un duo de qualité pour l'adaptation d'une histoire originale, suffisamment subtile pour que l'existence d'un vampire au cœur de Manhattan nous semble somme toute parfaitement compréhensible. Bien joué !