L'histoire :
Pour la énième fois, ce vieil anarchiste et écolo militant de Pierrot se fait embarquer à Paris dans un fourgon de CRS. Avec ses potes du 3ème âge, ils se sont en effet déguisés en abeille pour mieux déverser un plein fût de miel sur les membres d’un cabinet-conseil en communication travaillant pour un groupe chimique de pesticides. Pendant ce temps, il pleut des cordes sur le coin de campagne où vivent Sophie et son grand-père Antoine. Tandis que le bedonnant Mimile vide régulièrement les bacs et les casseroles destinées à recueillir les fuites d’eau du toit, Antoine se retrouve à devoir aider une voisine ennemie, la Berthe, à rentrer ses brebis pour éviter qu’elles se noient dans une inondation. Pour quelle ancestrale raison ces deux-là se détestent-ils aussi puissamment ? C’est le moment que choisit l’héritier Garan-Servier et ses avocats pour convoquer Sophie dans leur voiture. Les ponctions financières sur le compte suisse confié à Sophie par le vieux fondateur grabataire, ont été repérées. Garan-Servier fils sonne la fin de la récréation et prouve la non-filiation de Sophie avec sa famille en lui accordant un test ADN. C’est aussi le moment que choisit Mimile pour faire un malaise, alors qu’il est resté seul dans la maison en fuite. C’est enfin toujours le moment que choisit un australien balafré et estropié, pour débarquer au village en réclamant « le biouche ». Mais kéceussé, le biouche ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les papys anars sont de retour, et ils ne sont pas contents (pléonasme) ! Rendez-vous semble d’ailleurs pris avec les auteurs pour une livraison annuelle d’aventures sociales et humoristiques, pour le plus grand plaisir des fans pléthoriques de cette série très réussie. Pour cadencer le bal et dépeindre le propos, les vieux Pierrot, Antoine et Mimile ont décidé de mépriser leurs rhumatismes et profitent entièrement de leurs dernières années pour ne rien laisser passer à notre société de consommation. Chacun de leurs coups d’éclats est un baroud d’honneur, qui ricoche astucieusement vers le suivant tout en étoffant une comédie sociale aussi grinçante que jubilatoire. Le trio peut une nouvelle fois compter sur d’autres indécrottables seconds couteaux, des forts en gueule jusqu’au-boutistes pétris d’humanité. Telle la voisine Berthe, qui a jadis scellé sa réputation de folle au village. Ou encore l’aristo Fanfan dont la capacité à décider ses actes est remise en question. Ou encore le vieil estropié australien Errol, à la recherche de son ami « le biouche ». La comédie humaine s’étaye ainsi de flashbacks, expliquant tour à tour tel ou tel état d’esprit, rancune ou amitié. Les secrets du passé permettent en outre de tendre plusieurs fils de suspens, qui n’ont pas fini de nous enthousiasmer et nous donnent rendez-vous au tome 4. Le scénariste Wilfrid Lupano, virtuose de la narration et de la réplique qui charcle, assemble et rend indissociables ces bribes de vies trépidantes, en contrepied parfait de l’image plan-plan qu’on tient d’ordinaire du troisième âge. L’ensemble est mis en scène et en images par le dessin semi-réaliste à la fois très vivant, détaillé et immersif de Paul Cauuet. Difficile de ne pas adhérer sans réserve aux aventures de ces papys qui font de la résistance !