L'histoire :
Le 1er mai, jour de la fête du travail, le maire de Montcoeur organise un grand pique-nique pour remercier ses administrés de l’avoir élu. Sophie et son amoureux y participent, mais seul Emile de la bande des « vieux fourneaux » se pointe, aux bras de Berthe. En effet, Antoine (le père de Sophie) a accepté d’accompagner son copain Pierrot l’anarchiste à une manifestation parisienne. Evidemment, dans le chaos ambiant, ils se sont vite retrouvés séparés. Antoine craint pour la sécurité de Pierrot, qui défile en tête de cortège, où se préparent à charger les CRS. Mais Pierrot est un habitué et il a prévu les lunettes anti-lacrymo. En l’occurrence, c’est plutôt Antoine qui rencontre des problèmes, au moment où il tente d’empêcher des casseurs cagoulés de dégrader la vitrine d’une banque à coups de marteaux. Ça n’est pas ça, manifester ! Ça décrédibilise le mouvement ! Antoine se retrouve à l’hôpital avec un poignet cassé. A Montcoeur, le fameux « vivre-ensemble » tant promu par le maire a aussi du plomb dans l’aile. Berthe plante en effet sa pique à brochette dans les fesses du maire, excédée par son discours populiste. Puis elle se retranche chez elle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ha ! Il est beau le « vivre ensemble », ce climat que tentent de restaurer – en vain – les partis politiques de tous bords… L’idéal social – systématiquement en échec – de mettre tout le monde dans une mentalité d’entraide et de bienveillance réciproque est un peu la thématique de ce 7ème opus des Vieux fourneaux. Et pourtant, les trois papis, qui ne sont pas d’accord entre eux ni sur le plan politique, ni sur la manière de s’engager dans la société, restent soudés dans leurs amitiés et comprennent leurs délires réciproques. Wilfrid Lupano les fait traverser l’album en les confrontant aux aberrations de notre époque. Comment la famille Garan-Servier peut-elle tripler sa fortune en 3 ans, tout en détruisant autant d’emplois au sein de sa multinationale ? Comment des jeunes idéalistes peuvent-ils basculer aussi facilement dans la violence ? Comment peut-on espérer « le » vivre-ensemble, alors même qu’on exclut les esclaves modernes essentiels à l’approvisionnement de la société, les cueilleurs de primeurs sans-papiers ? Lupano réussit à relier ces questions sensées (et bien d'autres), dans une même aventure rythmée, tout en respectant les différentes personnalités désormais bien établies. Le récit donne certes la sensation de partir un peu dans tous les sens, mais tout finit par retomber sur ses pattes… et il est une nouvelle fois très agréablement dessiné par la griffe semi-réaliste dynamique de Paul Cauuet. A contrario du Beaujolais Nouveau, le cru des Vieux Fourneaux revient en novembre, mais une année sur deux.
