L'histoire :
Gravissant les versants nus de l’Himalaya, Tashi ne s’accorde aucune pose. Il porte sur son dos sa compagne He Pao qui, depuis l’épisode de la confrérie des mendiants, est plongée en un étrange coma. L’héritière du Moine Fou doit en effet atteindre Geladandong si elle veut guérir. Mais en chemin, voilà que Tashi est apostrophé par trois hommes dont le plus ancien l’enjoint de lui céder son fardeau. Le vieil original le met en garde contre les « mille supplices des Gologs ». Il se trouve aussi être lui-même un guérisseur. Il se dit en tout cas capable de « réveiller » la jeune femme afin qu’elle combatte l’esprit malveillant qui l’habite. Tashi, ne se méfiant pas plus, laisse un temps la malade à Dilgo Lingpa – puisque ainsi se nomme-t-il. De fait, le trop confiant succombe à un violent coup porté derrière la tête. Il est ensuite jeté pour mort dans la rivière voisine… Heureux de leur rapt, les trois hommes reprennent la route. Dilgo Lingpa pistait en fait He pao depuis le hameau des lépreux. Il connaît son secret et espère lier leur destin. Mais la comateuse ne l’entend pas ainsi. Et, bien qu’inconsciente, elle parvient à imposer ses vues à ses ravisseurs. Sur leurs traces, la perfide Zhou Mei n’a pas, elle non plus, renoncée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture de ce quatrième volume des Voyages de He Pao nous le rappelle dès sa couverture : invariablement, le dessin de Vink perpétue ses qualités graphiques de beauté et d’harmonie même si, invariablement, il continue de souffrir d’une statique dommageable. D’autant qu’ici, le découpage choisi peut être discuté, les postures et attitudes figées des personnages n’aidant pas à la fluidité de l’image. Mais passons, l’essentiel est ailleurs. Si Vink occupe une place à part dans le paysage de la bande dessinée, il le doit certes à son dessin mais surtout à cette indéniable poésie, mélange d’étrangeté et de dépaysement absolu, qu’il réussit à évoquer chez son lecteur. Neige blanche, chemin d’antan accentue encore cette poésie de l’image – doublée d’une narration à résonance littéraire – nous entraînant tout en haut des cimes enneigées, là où l’Homme côtoie au plus près l’absolu. L’histoire se décline sous forme de transition après les démêlés difficiles avec la confrérie des mendiants, en attendant un (mystérieux !) rendez-vous crucial. Malade, comateuse, l’héritière du moine fou (qui fêtera cette année ses 25 printemps d’édition !) reste la cible de toutes les convoitises et doit la jouer fine pour échapper à ses poursuivants. Se séparant aussi de son compagnon praticien, elle semble s’en aller plus libre, vers un nouvel élan, une renaissance ? Mystère encore. Comme son titre et sa couverture nous le rappelaient donc d’entrée, c’est à une nouvelle invitation au voyage que nous convie Vink. Périlleux, incertain, mais à des égards délicieux. On aime ou non, c’est selon.