L'histoire :
En avril 1863, alors que les gens s’amusent sur les bords de Seine, Edouard peint une séance de pique-nique. Une jeune femme nue au premier plan se tient assise, jambes repliées, le menton dans la main. Deux hommes devisent près d’elle. Dans le fond, une jeune femme se baigne, vêtue d’une chemise légère qui lui tombe aux chevilles. Elle se plaint qu’elle a froid. Paul Cézanne en profite pour la réchauffer et part avec elle. Manet, qui est en train de peindre Le déjeuner sur l’herbe, est furieux, mais il garde ses autres modèles concentrés pendant que la frivole Gabrielle l’abandonne. Le soir, à la guinguette, Cézanne présente Gabrielle à Emile Zola. Alors que le Déjeuner sur l’herbe fait scandale, Zola et Gabrielle se rapprochent. Le jeune franco-italien est idéaliste et emprunté, il vit avec sa mère et ne travaille que peu son écriture. Malgré la mauvaise volonté de la mère de Zola, Gabrielle l’incite à se concentrer sur son travail, elle le décharge et l’aide. Son premier roman va bientôt être publié. C’est le début d’un long amour, tendre et fructueux pour l’auteur.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On connaît presque tout d’Emile Zola, de son père vénitien à son enfance aixoise, des Rougon-Macquart à J’accuse. C’est par le biais de sa relation amoureuse à Alexandrine Meley que Médiane Marcaggi a choisi d’aborder le grand homme. Par la grande femme qui se cache derrière, en quelque sorte, pleine d’amour et de détermination, d’abandon de soi et de courage. Marcaggi s’est appuyée notamment sur les travaux relativement récents d’Evelyne Bloch-Dano qui mettent en lumière Alexandrine Zola et révèlent une partie de sa jeunesse difficile. Le scénario élaboré par la jeune touche-à-tout, dont le premier film, Belle-Fille, sort prochainement, est agréable et bien ficelé. Les dialogues se lisent avec plaisir et le tout est largement agrémenté de références culturelles. La violence des réactions envers les impressionnistes et les naturalistes, accusés de veulerie et de pornographie, de tous les maux en somme, à cause de leur volonté de rendre compte du présent, de la réalité, ouvre une période de fureur et de haines dont Zola sera l’un des boucs-émissaires. Le trait fin et rond d’Aline Chemama, agrémenté de belles aquarelles, donne une douceur apaisante à l’histoire. La pureté des couleurs rend hommage aux impressionnistes dont Zola était proche. Une belle biographie, familiale, agréable.