L'histoire :
La Nouvelle-Orléans, 1961. La servante de Louise Soral apporte le thé. La vieille dame, descendante d'une famille de planteurs louisianais, poursuit son récit auprès de sa jeune confidente noire. A la mort de son mari, Laurette a demandé à son fils Antoine de rentrer en Louisiane pour l'aider à gérer la plantation. Malheureusement, le retour d'Antoine s'avère être un véritable fiasco. Il s'installe en famille à La Nouvelle-Orléans, profitant des mondanités pour mener une vie de débauche. Sa fille Léonie est élevée à la plantation par Joséphine, sa tante, loin des frasques de son père. Laurette perd pied et inquiète sa fille. Marie Laveau continue à exercer son activité de prêtresse dans son salon vaudou, lui permettant de développer son réseau d'informations et son influence auprès de riches clientes blanches. Les années passent. Printemps 1822. Joséphine se retrouve en âge de se marier et fait la rencontre de Georges, un jeune français venu faire du commerce de vin familial. Les deux êtres se marient d'ailleurs. Alors que Marie, sa servante noire, la coiffe le soir du repas de noces, Laurette, la mère de Joséphine, entre pour lui apporter un diadème que toutes les femmes de la famille ont porté le jour de leurs mariages...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce nouvel album, la saga Louisiana se poursuit de plus belle, offrant son lot de révélations et de rebondissements inhérents à toute fresque au long cours. Saluons la prestation scénaristique de Léa Chrétien (qui s'inspire ici d'une histoire vraie). L'autrice parvient à enchaîner les soubresauts du récit avec une grande dextérité narrative et un sens du verbe précis. Plongés dans la lecture, on se plaît à suivre les événements racontés, en ne s'ennuyant pas une seconde. Les femmes sont ici au cœur de l'intrigue. Elles doivent faire face à leurs vieux démons, nés d'une éducation traditionnelle, enfantés par le poids des mœurs de la violence sociale familiale et nourris par un racisme installé. Nous sommes quelque part entre Le bruit et la fureur de l'auteur américain William Faulkner, publié en 1929, et Twelve years a slave de Steve McQueen, sorti en 2014. Au dessin, Gontran Toussaint montre toute sa patte graphique en mettant en scène des personnages qui s'affrontent et s'opposent, affirmant leurs différences et leurs divergences. A noter, que c'est Léa Chrétien qui pose ses couleurs, comme un autre illustre scénariste disparu, le grand Hubert. Comme pour mieux boucler la boucle de ce deuxième épisode prenant...