L'histoire :
Il marche dans le froid profond de la nuit et il ne se souvient de rien. Ni paroles, ni images, ni paysages, ni identité… Son passé s’est effacé. Amnésique et sur le chemin de l’institut qui doit l’accueillir provisoirement, il croise la route d’un cabaret. Par la porte, les accords d’une musique lui apparaissent comme « une lueur » dans le vide de son errance. Ces quelques notes vont l’attirer vers l’intérieur. Et sans savoir comment ni pourquoi, il va se retrouver au beau milieu d’un casting musical. Une célèbre chanteuse, Miss Ti, star incontestée d’un monde dont il ignore tout, cherche un nouveau musicien pour compléter son groupe de jazz et partir en tournée. Soudain le miracle a lieu. Flanqué d’une guitare acoustique, ses mains se souviennent. Il joue. Ses doigts glissent sur les cordes et font résonner une musique d’une qualité inattendue. L’espoir renait et se présente à lui la possibilité d’une vie, d’une identité, d’un nom : Loup.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre de ce one-shot n’est pas choisi au hasard, car c’est également le nom donné au fameux masque derrière lequel chacun peut se cacher. Derrière cet accoutrement, Loup va faire oublier son amnésie pour mieux devenir quelqu’un. Mais à quel prix ? Le récit anthropomorphe de Renaud Dillies, qui dès les premières pages nous plonge dans la solitude et le désespoir de Loup, aborde plusieurs thématiques et nous amène à réfléchir sur nous-même. Au fil des 52 pages, on découvre la vie d’un groupe, ses joies, ses peines, les affres de la création et l’envers du décor du show-business. Le tout contrastant avec un style faussement enfantin et très coloré. Comme pour mieux nous prendre à contre-pied et nous interpeler. Baigné très jeune dans le jazz et le rock par ses parents, Dillies donne à son récit l’ambiance enfumée et alcoolisée des clubs. Un thème qui lui est cher depuis sa première BD Betty Blues parue en 2003 et récompensée par le Prix du Meilleur Premier Album à Angoulême. La poésie et les émotions sont là, le dessin est très beau et fait penser aux grandes heures jazzy de Disney. Qu’on se le dise et malgré une fin qui vient un peu comme une corde de guitare qui casse en plein concert, Loup est une belle balade. On se laisse porter par ses volutes et on s’attache à ce Loup qui traverse sa nouvelle vie à la vitesse d’une pensée, d’une note, d’un souvenir retrouvé.
