L'histoire :
Véra surplombe une vue imprenable, perchée sur son vélo en haut d'un rocher. Elle observe : en-dessous, elle aperçoit des engins de chantier, des cars de CRS et des militants qui scandent qu'ils ne veulent pas de ce projet d'autoroute. Bientôt, cet endroit disparaîtra sous le béton... Perdue dans ses pensées, Véra se fait surprendre par une personne derrière elle, qui commence à lui parler de manière agressive. Cette personne voit tout de suite que Véra vient de la ville, elle la rend responsable de ce projet. Elle lui demande de se bouger ! Véra exprime son mécontentement : bien sûr que non, ce projet ne lui fait absolument pas plaisir ! Il va bouleverser tout l'équilibre de la région ! Déstabilisée par cet échange, elle se poste en hauteur, et attend que la zone ait été complètement évacuée. Elle descend lentement et commence à tracer des symboles autour de la zone de forage. Elle s'excuse et pratique un rituel pour purifier la zone. Car Véra se définit comme une sorcière, avec sa colocataire Mary. Elle vit près de Strasbourg et profite des aides sociales pour vivre sa vie, et surtout prendre soin de l'environnement qui l'entoure. Elle ne manque aucune fête liée à la sorcellerie. Mais Mary ne vit pas les choses de la même manière, au grand désarroi de sa colocataire. Elle s'est lancée dans la livraison de commandes à vélo, et semble ne pas s'impliquer autant que Véra. Pourtant, Véra aurait besoin d'aide, car des bunkers dans la forêt semblent frappés par une malédiction, et provoquent de drôles d'effets sur son corps lorsqu'elle s'en approche un peu trop...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le label Combo pour « young adult » des éditions Dargaud propose une nouvelle série au format manga. Majo no michi s'inspire en partie d'une passion de son auteur pour le vélo. Nous suivons Véra, une jeune femme qui se cherche et qui mène un quotidien rythmé par la sorcellerie. Elle partage sa vie précaire avec une coloc, elle-même sorcière. Et dès qu'elle le peut, elle enfourche son vélo pour arpenter les bois. Ce manga français se lit dans le sens de lecture francophone et non à la japonaise, même si toutes les illustrations puisent dans cette culture, notamment dans les traits et le découpage, tout en noir et blanc (sauf quelques planches introductives au début du manga). Lorsque nous commençons la lecture, nous sentons très rapidement une influence de l'animé Kiki la petite sorcière, tant dans certaines thématiques traitées, que dans des références graphiques. Cela se voit par exemple avec le petit chat noir qui ne quitte pas l'héroïne, ou encore les livraisons qu'elle doit effectuer, ici à vélo et non en balai. L'auteur brouille les pistes : même si nous avons l'impression d'être ancrés à notre époque, certains éléments nous font douter (les personnages découvrent certains objets modernes, mais ils ne les connaissent pas). A travers ses personnages, Tony Concrete questionne notre relation à l'environnement, qu'il soit citadin et bétonné ou naturel, mais aussi le sentiment d'impuissance des jeunes générations face à ces évolutions. Véra sent que des forces négatives sont à l'œuvre, mais comment les arrêter ? Les héroïnes sont donc des sorcières, mais ne vous attendez pas à voir des personnages avec des chapeaux pointus et des baguettes magiques. La magie est ici davantage connectée à la nature et à une forme de spiritualité. Un premier tome intrigant.