L'histoire :
La Fin. À la terrasse du Café Maury, en Afrique Équatoriale (le pays n'est pas nommé mais ce n'est pas le plus important), Gabriel Lesaffre échange de façon virulente avec son avocat sur son dossier. Ses affaires ne sont pas très bien engagées suite au courrier du liquidateur. Il quitte la table énervé, avant de s'écrouler dans son sang. Il meurt d'un infarctus...
Le début. Pour Gabriel Lesaffre, tout a commencé le 3 mars 1945, à Paris, Boulevard Barbès. Aîné d'une fratrie de 5, il est le seul et unique mâle de la famille Lesaffre. Chétif, l'enfant possède une vitalité hors du commun. Il montre aussi une certaine résistance aux formes les plus bénignes d'autorité, entraînant des punitions, des exclusions, voire des châtiments corporels. Après des études sabotées et un service militaire qualifié d'« interlude germanique », il occupe des postes de commercial, à Biarritz, laissant libre cours à son goût immodéré pour l'alcool. Claudia, sa future épouse et mère de ses enfants, il la rencontre à Paris, à l'occasion d'une fête. De 10 ans sa cadette, cette lointaine cousine lui fait tourner la tête et il se range des voitures. Un temps seulement, car les vieux démons resurgissent et poussent le couple à divorcer fissa...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gabriel Lesaffre était un drôle de bonhomme. Tour à tour coureur, menteur, buveur, noceur, cet homme épris de liberté et de grands espaces refuse qu'on lui dicte la marche à suivre. Ce qui frappe Malaterre, c'est la capacité que possède Pierre-Henry Gomont à nous embarquer grâce à sa narration au ton élégant et à l'écriture pertinente et impertinente. Dans la lignée de Pereira prétend, son album de la révélation, il prouve une nouvelle fois ses talents de « raconteur » en commençant le récit par la fin pour mieux remonter aux origines de Gabriel, un homme a priori débectable, auquel on s'attache pourtant. La force de Gomont est de créer une atmosphère foisonnante et captivante, tant dans ses mots (revoir le mot « sourdre » est un réel bonheur) que dans le dessin. Son trait virevoltant à la Blain captive dès les premières planches, pour ne plus vous quitter, bien sublimé par ses couleurs délavées et des phylactères graphiques bien senties. Et puis, il y a cette nature envahissante et luxuriante qui entoure et love. Cet écrin de verdure mènera à sa perte ce père déraisonnable à souhait, croquant la vie à pleines dents, qui ne sait comment aimer ses enfants mais qui suscite chez eux, une vive admiration. Malaterre fait du bien dans cette rentrée où les BD poussent comme des champignons.