L'histoire :
De nos jours, alors que la cité de Venise connait la pire « Acqua Alta » des temps modernes, un paquebot de croisière baptisé « Le colosse de Rhodes » vient s’encastrer dans le palais des doges, après avoir perdu le contrôle. Le conseil des dix réuni en séance exceptionnel voit dans cette catastrophe la réalisation de la 5ème prophétie de Dante : L’arche venue de Rhodes profanera le sanctuaire des dix ». La tempête redouble, le maire de Venise fait évacuer la ville, l’état de catastrophe naturelle est déclenché. Le chantier de renflouement d’un navire antique est ravagé, mais les archéologues ont pu extirper à temps des eaux un tube en métal scellé. Son contenu a peut-être un lien avec ce qu’il s’est passé en l’an 1345. Le jour des fêtes de l’ascension, la collision entre le Bucentaure, navire d’apparat de la Sérénissime, et un « gros poisson », avait fait choir le doge à l’eau. Certains redoutaient que ce soit la 4ème prophétie de Dante : la bête aux mille dents… Comme 5 ans plus tôt, lorsque les ouvriers chargés de nettoyer la ville après la baisse des eaux de l’Acqua Alta, avaient retrouvé un énorme crocodile sur la place Saint-Marc ! Une fois sauvé et séché, le doge de l’époque craignait quant à lui un mauvais présage : sa fille maudite Marina, à la tête d’une bande de pirates, allaient passer à l’attaque…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Zidrou et Matteo poursuivent leur thriller ésotérique, dont les ramifications tentaculaires tirent leur substrat des légendes médiévales issues des dernières heures du moyen-âge, à l’ère où Venise était encore une république indépendante. Comme pour les épisodes précédents, ce troisième volet s’alterne sur deux époques : 25% de séquences se déroulent lors d’une Acqua Alta contemporaine (grande marée qui inonde les zones basses de la ville) et 75% en l’an de grâce 1345. A cette époque, la renégate Marina, la propre fille du doge, à la tête d’une bande de pirates, inquiétait suffisamment la République pour que cette dernière lance sur sa piste plusieurs trirèmes de soldats… hélas à leurs dépens. Aux deux époques, les problématiques ésotériques sont dictées par les sombres prophéties de Dante Alighieri. Etant donné le pédigrée de Zidrou, faites-lui confiance pour que son récit soit toujours mené avec savoir-faire, parfaitement prenant, qu’il s’agisse d’aventures ou de mystères, bien que sa finalité nous échappe encore. On note juste peut-être un léger « coup de moins bien » dans le dessin de Matteo, dont le réalisme imprégné de lavis reste cependant de haute volée. Quelques scènes en imposent toutefois par leur degré de finitions (la double pages 6-7 : la Festa Della Sensa).