L'histoire :
La coutume familiale avait voulu qu’enfant, June, accompagné de son père, consulte une voyante. Amour, réussite et honnêteté lui avait prédit la vieille femme : rien de tout cela ne s’est réalisé. Sa fiancée fut la proie d’une bête implacable, experte en fantaisies meurtrières. Simple chargé juridique de l’ambassade terrienne, son patron l’a pris pour une truffe. Enfin, aujourd’hui en chasse des larmes du dieu Eïam à la valeur exceptionnelle, il a roulé tout le monde, détourné un dirigeable et bravé les interdits. Son fidèle Gisey le prend pour une divinité rédemptrice alors qu’il est seulement le jouet désirable et infortuné de la redoutable Sebshem Antal Nya. Pourquoi est-il si important qu’il devienne riche ? Parce qu’après la déconvenue d’un possible heureux mariage, ce n’est pas avec ses émoluments de fonctionnaire qu’il pourra s’offrir un coin de paradis sur Terre. Purée ! Cela va en faire des larmes à rapporter !...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les ruines de Dieu : voilà un titre SF évocateur à souhait. Car toute honnête série d’anticipation se doit de parler d’humanité. Et comment mieux résumer l’Homme sinon par son désir intense, presque viscéral, de Sacré ? L’argent ne fait pas le bonheur… mais il y contribue. Une maxime que notre héros rédempteur doit méditer. Stéphane Desberg joue avec son personnage comme avec ses lecteurs. Adoptant un ton narratif résolument introspectif, il clôt ce premier cycle comme il l’avait débuté : la situation paraît n’avoir guère beaucoup évoluée. Cependant, June Lenny nous a fait voir du pays ! Un univers dépaysant et envoûtant où le syncrétisme est roi. Les possibles références de Mayam semblent en effet légion : de Totall Recall au cinéma, à Valérian ou Anachron pour la BD. Le couple formé d’un beau gosse désinvolte, subissant plus qu’il n’est acteur de ses aventures, et d’une créature divine, succube en majesté, n’est pas sans rappeler celui des débuts des Chroniques de la Lune noire. Cette architecture à l’ambiance bigarrée doit beaucoup au trait élégant et suggestif de Koller. Un graphisme aux encrages choisis, une amplitude permise par un judicieux et précieux grand format d’édition : l’ensemble respire. On serait curieux de feuilleter une version 2B. Mais un tel sacrifice signifierait renoncer aux couleurs rougeâtres et bleutées apposées par Scarlett Smulkowski. Un sacrilège tant l’atmosphère martienne y perdrait ! Si donc à la première lecture, une pointe de frustration peut apparaître au regard des nombreuses questions laissées en suspend, peut-être ne faut-il y voir que le métier de Stephen Desberg. Surprenant ? Après tout, sur Mayam plus que nulle part ailleurs, garder la foi demande de préserver un certain mystère. Vite, un autre cycle !