L'histoire :
Après l'expédition au sein de l'usine New Yorkaise d'Algapower, Romane et El Malik ont en main des documents troublants mentionnant le propre nom de la jeune femme, au milieu d'autres anciens pensionnaires d'un orphelinat proche de Biarritz. Les dauphins prisonniers et victimes d'expériences génétiques n'étaient pas sur place et Delph, l'animal intelligent devenu l'ami de Romane, a été tué lors de la mission. Lorsque l'inspectrice et son supérieur sont envoyés à Rio de Janeiro sans connaitre le détail de leur future mission, c'est un sentiment de grande frustration qui domine chez eux. Mais bien vite, la rencontre avec un certain M'Soro, haut-gradé des services de renseignement, va leur permettre d'en savoir plus. Une des plus importantes usines d'Algapower s'y trouve implantée et les services secrets pensent qu'il s'agit du point de convergence des expériences génétiques. Pour recueillir des preuves, Romane va devoir entrer en contact avec son frère qui vient d'être muté à Rio. Les liens familiaux au sein de l'orphelinat vont se révéler cruciaux dans la suite des événements. Dans ce monde d'après troisième guerre mondiale, où les pays du sud ont installé une domination noire, Algapower est une arme absolue. Fondée par des chercheurs blancs qui savent détenir un pouvoir potentiel énorme, elle devient l'enjeu d'une lutte mondiale, dont personne ne peut se sentir à l'abri...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce troisième épisode, la saga débutée par Léo et Corinne Jamar dévoile toute son ampleur et confirme l'habileté de ses scénaristes. Les premiers éléments de l'aventure n'étaient qu'une petite partie de l'échiquier, le passé même de Romane étant semble-t-il au cœur de l'intrigue qui se développe. Le ton de Mermaid Project prend petit à petit la dimension de ces grandes aventures classiques que les scénaristes des années 60 et 70 aimaient construire, sans contrainte de crédibilité, forçant le lecteur à accepter l'impossible. Comme ces dauphins qui communiquent avec les humains... et bien d'autres choses. La patte de Léo n'est pas omniprésente, ici. Le scénariste d'Aldebaran ne remplit pas les pages de créatures originales comme il aime le faire dans ses autres séries. On est un cran au-delà, en quelque sorte, au cœur d'une formidable intrigue policière dont l'héroïne principale est extrêmement attachante, et dont la construction vise délibérément le grand-public. Le choix de Fred Simon au dessin est ultra pertinent, le dessinateur semi-réaliste réussissant à camper des personnages très denses. El Malik crève l'écran par la force de sa silhouette, pourtant dessinée sans excès de détails. Par ailleurs, les auteurs prennent plaisir à nous dévoiler progressivement les enjeux de ce monde futuriste vu seulement à travers quelques décors, à la fois modernes et rétros. Que s'est-il passé lors du Grand Désastre que M'Soro évoque ? Comment une domination raciale a-t-elle pu s'imposer ? Romane est-elle un simple rouage au sein d'une manipulation qui la dépasse ? Il va falloir une bonne dizaine de tomes supplémentaires pour éclaircir tout ça. On l'espère en tout cas, parce c'est trop bon !
