L'histoire :
Une vente aux enchères se déroule à l’Altes Museum de Berlin, en l’an 2099. La pièce maîtresse annoncée par le commissaire-priseur est une œuvre d’art augmentée, qui représente un crane pirate composé de petites perles brillantes en 3D. Vanité est mise en vente 3 millions d’euros, c’est-à-dire 20 000 miles, selon la nouvelle crypto-monnaie qui s’appuie sur les distances pédestres parcourues. Bruder, le PDF de Mercedes Benz, remporte l’enchère à 4,1 millions. Mais dans la seconde qui suit, il est assassiné d’une balle en plein tête par un tueur qui a pris l’holo-apparence d’une femme élégante. Il s’enfuit à travers la foule, poursuivi par des policiers. Dans sa course, il perd un escarpin dans l’escalier. Dès le lendemain, l’enquêteur autonome Sasha est mis sur le coup par sa directrice du consortium Metropolia. La puce retrouvée dans l’escarpin a récemment borné au sein du « Florian », un vieil immeuble d’habitation des années 2030, à la fois passéiste dans sa forme et hypocritement ambitieux dans ses prétentions écologiques. Il semble que le meurtre de Bruder cache une toute autre affaire, intimement liée aux habitants et aux fonctions réelles du Florian. L’enquêteur Sacha y loue donc un appartement, sous la couverture d’être un architecte venu pour étudier sa rénovation…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fred Duval fait très souvent de la SF, avec un fort appétit pour l’anticipation. Parfois, il fait aussi du polar – en adaptant les Nymphéas noirs, par exemple. Ce Metropolia, qui nous fixe rendez-vous à Berlin dans 75 ans, est la fusion de ces deux genres. En préambule, quelques phrases déterminent le contexte du Berlin au crépuscule du XXIème siècle : les crises énergétiques et économiques ont abouti à une forme d’immobilisme des humains, qui vivent reclus dans des villes gigantesques et passent leur vie à se financer 1 voyage. Petite subtilité : marcher à pied se transforme en monnaie. C’est alors qu’un meurtre en public déclenche une enquête par un enquêteur autonome, une sorte de détective privé du futur, le Sacha négligemment affalé dans un fauteuil cabriolet en couverture. L’enquête en elle-même est jouissivement retorse, qui nous balade dans le milieu de l’art contemporain dématérialisé et des architectes de demain. Mais moins que les mécanismes plausibles et astucieux de cet avenir crypto ou augmenté, dans lequel la personnalité humaine est souvent asphyxiée par les robots et des IA. Cet univers futuriste est visuellement fastueux sous les crayons de l’allemand Ingo Römling, à grand renfort de traitement infographique concernant les éléments d’architecture (façades, panoramas urbains, coursives complexes…). En somme, cette première enquête auto-conclusive accrocheuse inaugure une série (au long cours ?) prometteuse.