L'histoire :
Mia a 16 ans. Longue chevelure rousse, yeux verts, elle est plutôt mignonne, mais souffre d’un énorme problème de boulimie. Régulièrement, elle doit se rendre aux toilettes, en douce, pour vomir ce qu’elle vient d’ingérer. En dehors de ces moments douloureux et secrets, elle mène une vie normale d’adolescente. Notamment, elle se rend souvent à la bibliothèque de l’université pour couvrir ses cahiers de poésie… et mâter du coin de l’œil ce garçon pour lequel elle craque totalement. Un jour, en sortant de la bibliothèque, ce dernier est enlevé sous ses yeux par deux brutes qui le poussent de force dans une camionnette ! Le sang de Mia ne fait qu’un tour : elle saute sur le dos d’un des kidnappeurs et le mord à pleines dents. L’autre gangster l’assomme et l’embarque en même temps. Quand les deus ados se réveillent, ils se trouvent dans une pièce vide, éclairée par un unique velux, trop haut. Ils sont prisonniers d’une maison isolée au milieu de la forêt. Cette intimité imposée les oblige à faire mieux connaissance. Pendant ce temps, deux inspecteurs de police tentent de remonter la piste des kidnappeurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La trame policière de ce one-shot est un prétexte pour aborder le problème de la boulimie sous un angle un tant soit peu romanesque. En effet, au terme de celui-ci, on ne sait rien des raisons de ce kidnapping, de l’enquête des inspecteurs… On a même bien du mal à capter le prénom du héros garçon, une seule fois prononcé, de loin. Là où le bas blesse, c’est que la question de la boulimie est elle aussi abordée de manière bien légère… Tout juste Mia a-t-elle du mal à assumer les manifestations de cette maladie lors de sa captivité devant Dany (le garçon), mais sans que le malaise produit ne soit pleinement exploité. La lettre de Mia du cahier final, qui vient en appuie des croquis de recherches, en dit en revanche beaucoup plus long sur le mal-être des jeunes filles qui en sont atteint. L’intention est néanmoins louable et surtout, le dessin à la croisée du manga et du style franco-belge, montre t-il bien des aspects enthousiasmants. Peu de bulles, des cadrages intéressants, des macro-plans osés, une impression de narration distante, une ambiance pesante… On comprend également la logique de cette narration un peu « futile » : elle relaie une conception du monde vu par l’angle intérieur de l’adolescent, c'est-à-dire avec une certaine candeur imperméable aux responsabilités d’adultes. Par exemple, emprisonnés et menacés de mort, les deux jeunes héros ne considèrent que leurs sentiments, leurs regards réciproques et l’image qu’ils reflètent sur autrui. Dans la même veine adolescente, on attend d’ailleurs le premier tome d’En sautant dans le vide (mars 2008), par le même auteur. Ce one-shot ne manque donc pas d’atouts, mais ne fait qu’effleurer son sujet. Il remportera néanmoins certainement l’adhésion de pas mal d’ados…