L'histoire :
Alors que les enfants Blaireaux et la petite Roussette Renarde jouent aux devinettes dans la forêt, ils sont interrompus par trois genettes haut-perchées dans un arbre. Elles annoncent que le grand spectacle de Sylvestre le chat sauvage va avoir lieu le soir même dans la clairière, au pied du grand chêne. Enjoués, les enfants filent aussitôt prévenir leurs parents pour qu'ils les y emmènent. Le soir venu, alors que les animaux sont venus nombreux dans la clairière, les incroyables acrobaties de Sylvestre épatent le public. Roussette et ses demi-frères repartent même avec un autographe. Quand elle sera grande, c'est décidé, la petite renarde veut faire comme lui. Et elle prouve qu'elle sait grimper aux arbres en escaladant un tronc jusqu'à la première branche, avec mille efforts et précautions. Or un peu plus haut sur l'arbre, se trouvent les trois genettes, qui se fichent de sa poire dans les grandes largeurs, étant donné qu'elles n'ont aucune difficulté à grimper bien plus haut. Sylvestre le chat sauvage est là, lui aussi, qui se repose. Il en rajoute une couche sur les capacités de Roussette, qui ne se situent évidemment pas dans les acrobaties aériennes. Roussette descend de l'arbre tout penaude et déçue...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les gentilles familles Renarde et Blaireau sont de retour sous leurs caractères anthropomorphiques, mais leurs apparences animales, afin d'éveiller les plus jeunes lecteurs de BD à quelques règles morales de vie en communauté. Cette fois, la timide renarde Roussette voit ses rêves d'acrobates professionnelle anéanties par celui-là même qui les avait suscitées. En effet, Le chat sauvage Sylvestre a beau être devenu une star de la cabriole, il a perdu au passage son humanité, son sens éducatif, son potentiel de sympathie. Mais parce qu'il cache un lourd secret, un peu honteux, le mea culpa et la rédemption ne tardent pas à le réhabiliter. Le scénario de Brigitte Luciani oriente cette fois son propos moral vers plusieurs axes en même temps : l'encouragement des vocations, la nécessité de se souvenir à chaque instant de sa vie d'où l'on vient, la moquerie improductive, mais aussi – voyons large – l'acceptation de la diversité ethnique et donc de l'enrichissement personnel au contact d'autres cultures. Ces notions sont certes presque transparentes auprès des jeunes lecteurs, elles tendent toutes de manière sous-jacente vers une société de tolérance et d'ouverture. Le dessin tout en crayonnés et en pastels d'Eve Tharlet véhicule une nouvelle fois de la meilleure des manières cet élan humaniste. Avec leurs regards tendres et leurs postures de peluches, les animaux sont trognons et terriblement attachants.