L'histoire :
6 décembre 1904. La veille, l’attentat perpétré par Fiodor a échoué : le Grand-duc Sergueï Alexandrovitch, gouverneur général de Moscou, a échappé à une mort certaine. Fiodor est parvenu à s’enfuir, pris en chasse par un agent de police et un agent de la Sûreté. Après avoir abattu froidement ses poursuivants, Fiodor est encerclé dans un immeuble. Il meurt sous les balles de la police et l’armée. Giorgi, l’homme qui a fomenté cet attentat, revient sur les lieux du drame et croise des témoins du drame qui lui racontent ce qu’ils ont vu. 14 décembre1904. Georgi a rendez-vous au hammam avec Andreï, un vieux de la vieille du PSR (le Parti Socialiste Révolutionnaire). Il finance la cellule de combat contre le pouvoir. Il informe Georgi qui l’informe que le Comité s’impatiente après l’attentat raté. Georgi rassure son interlocuteur : le prochain attentat ne manquera pas sa cible. Il a recruté deux personnes pour faire mouche. Erna est la chimiste de la bande. Elle a grandi au milieu des détonateurs et de la nitro ; normal, avec un père artificier. Aux yeux du grand public, Erna est comédienne dans un grand théâtre de Moscou. Il y a aussi Vania, un cocher au grand cœur. C’est lui qui balancera la bombe sur le Gouverneur. Le problème, c’est qu’il ne veut pas tuer d’innocents…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fabien Nury est un vrai killer du scénario. Alors que Tyler Cross remet le couvert et que Comment faire fortune en 1940 pointe le bout de son nez, Mort au Tsar 2 débarque sur les étals pour en rajouter une couche. Une nouvelle fois, l’auteur d’Il était une fois en France vise juste. Le premier tome avait pour thème l’absurde. Le terroriste dresse le portrait d’un homme à la personnalité complexe. Georgi est un homme déterminé dans son envie de mettre hors-jeu le Gouverneur. Georgi est un séducteur qui enchaîne les conquêtes. Georgi pose son plan avec une mécanique implacable. Même s’il est entouré d’une équipe et qu’il obéit au Comité, il est seul face à son objectif. Sa froideur interpelle. Il ne laisse aucune trace derrière lui. Avec sa dextérité narrative, Nury explore l’âme de cet homme via des textes ciselés et explosifs, non dénués d’humour et de cynisme. C’est du grand Nury, comme à chaque fois. Est-il besoin de le souligner ? Dans cette aventure, le dessinateur Thierry Robin dévoile une nouvelle fois sa science graphique. Ses cadrages sont parfaits (la scène de sexe entre Erna et Georgi, la scène où Vania est torturé par la police russe). Son trait pose une ambiance pesante où l’inéluctable est au rendez-vous. Les couleurs de Claire Champion subliment toute la noirceur du récit. Jetez-vous les yeux fermés dans Mort au Tsar, vous ne le regretterez pas !