L'histoire :
1904. Les révolutions russes commencent à germer un peu partout dans le pays et l’empire Tsariste entame un déclin inexorable. La sainte Russie est sur le point de vaciller. C’est dans ce contexte d’extrêmes tensions politiques et sociales que l’oncle du Tsar, le Grand-Duc Sergueï Alexandrovitch, au balcon de son palais pour regarder le peuple exprimer sa colère, reçoit une tomate pourrie en plein visage. Suite à cet incident malheureux, l’homme d’Etat lâche son mouchoir de sa main. Son commandement militaire interprète alors ce geste anodin comme un signal pour que les soldats tirent dans la foule pour disperser les manifestants. Le bilan de cette intervention meurtrière est lourd, très lourd : 47 morts dont 3 enfants. Mais le geste d’anodin du gouverneur Sergueï Alexandrovitch qui a déclenché cette tragique fusillade signe par là-même son arrêt de mort. En effet, dans l’ombre, un certain Georgi, un terroriste implacable, planifie son assassinat et il est prêt à tout pour l’éliminer. La révolution russe est en marche...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec la sortie du diptyque historique Mort au Tsar, l’équipe créative composée de Fabien Nury (scénario) et de Thierry Robin (dessins) a parfaitement réussi à appréhender les contours du terrorisme russe durant l’époque tsariste du tout début des années 1900. En effet, en présentant tour à tour le point de vue de la victime et de l’assassin au travers des deux tomes du diptyque, le duo avait joué la carte de l’originalité via ce prisme de vision fort intelligent. Avec Moscou Année 0, Nury et Robin sont de retour pour mettre en place leur idée initiale : faire un récit d’un seul tenant construit sur un parallèle entre les parcours des deux protagonistes. Pour ce faire, les auteurs ont travaillé sur un montage digne d’un film, afin d’entremêler les trames et les dessins des tomes de 2014 et 2015 avec le plus de cohérence possible. Autant dire que la prise de risque était maximale ! Mais le duo de choc a su s’en tirer avec les honneurs sans jamais dénaturer Mort au Tsar, même si le procédé de faire du neuf avec du vieux peut en effaroucher certains. Ceci étant, le récit de Fabien Nury reste percutant (il s’est inspiré des écrits de Leonid Andreïev et de Boris Savinkov qui ont vécu les évènements de l’époque Tsariste), de même que les dessins de Thierry Robin et ce, même s’ils ne sont pas nouveaux. En définitive, même si le tandem créatif a réussi le tour de force de mettre en place un seul et même récit au fil d’un montage bien ficelé issu des planches déjà existantes du diptyque originel, force est de constater que l’ensemble s’avère parfois en demi-teinte pour ceux qui ont déjà lu les deux tomes de 2014 et 2015. À l’inverse, ceux qui découvriront les histoires parallèles de Sergueï Alexandrovitch et de Georgi via Moscou Année 0 seront vite happés par cette narration racée en forme de miroir...